La pièce a été jouée mille fois. Un Premier ministre en mal d’autorité fait les gros yeux. Il tance ces inconséquentes de régions qui citent les rapports de la Cour des comptes quand ça les arrange et ne veulent pas partager le fardeau de la crise. Le Raymond Barre du pays d’Oc le martèle à l’envi. Jean Castex ne renoncera pas à la baisse de 50 millions d’euros des dotations aux régions.
Un casus belli pour les intéressées. Un an après un accord de partenariat avec le gouvernement, les régions menacent de couper tous les ponts. Leur porte-drapeau, Carole Delga (PS), le dit haut et fort. Les trois quarts des Français ont soif de décentralisation. D’ailleurs, c’est bien simple : la présidente de Régions de France représente « autant les 66 millions de Français que les ministres ».
Pièces jaunes
Chaque rôle est joué au cordeau. Les spectateurs, habitués à ce genre de représentation, peinent cependant à y croire. Comment l’Etat, à l’heure du « quoiqu’il en coûte », peut-il jouer les pères la rigueur pour 50 millions d’euros, autant dire des pièces jaunes dans un océan de 2 700 milliards de dette ? Pourquoi les présidents de région en font-ils autant pour une somme qui représente 0,12 % de leur budget ? Au-delà d’un sondage commandé par leur soin, ces grands élus croient-ils, au fond d’eux-mêmes, que les Français expriment un désir irrépressible de décentralisation ?
Affaire d’initiés
On peut le déplorer, mais la plupart de nos concitoyens ne sont ni pour, ni contre la décentralisation. Ce n’est pas leur sujet. La décentralisation reste une affaire d’élus, d’initiés. Certains Français confondent même ce mot barbare avec « délocalisation », c’est dire… Quant à la légitimité de 66 millions de Français dont se prévaut Carole Delga, rappelons les résultats des dernières élections régionales. Seul un tiers des inscrits se sont rendus aux urnes. Les présidents de région ont été désignés en moyenne par 17 % d’entre eux.
Un chiffre qui devrait inciter à davantage de modestie. Hélas, à la veille des échéances électorales, le gouvernement et les présidents de région préfèrent leur vaudeville usé jusqu’à la corde.
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