Dexia n’en finit pas de défrayer la chronique, parfois à son corps défendant. Mercredi 21 septembre, c’est le quotidien Libération qui ouvrait le bal, avec un titre qui restera dans les mémoires : « Dexia, la banque qui a ruiné 5000 communes », pouvait-on lire en une du quotidien…
Dans son édition de samedi, le Figaro affirmait cette fois que Dexia CL étudie les voies d’un rapprochement avec la Banque postale et la Caisse des dépôts et consignations (CDC). L’objectif serait de créer une nouvelle banque des collectivités locales.
Enfin, les Echos de ce lundi 26 septembre croient savoir que l’établissement franco-belge « serait prêt à céder plus de 20 milliards d’euros d’actifs pour assurer sa viabilité ».
Pas de confirmation officielle – Interrogés sur la création de cette nouvelle banque tripartite, (Dexia, Banque Postale, CDC), ni Dexia ni les ministères concernés (Bercy et Intérieur) n’ont souhaité formuler de commentaires.
Selon Le Figaro, la Banque Postale et la CDC détiendraient ensemble la société, Dexia pouvant en demeurer un actionnaire. Elles devraient aussi prendre le contrôle de tout ou partie du portefeuille de crédits existants de Dexia auprès des collectivités françaises (70 milliards d’euros environ).
Double jeu – Une chose est certaine : Dexia lutte pour sa survie. Dépourvue de la manne des dépôts de ses clients, encore à la tête d’un montant important d’actifs toxiques, la banque ne parvient que difficilement à se refinancer sur les marchés.
La création de ce nouvel établissement, avec la Banque postale notamment, qui dispose d’importantes liquidités, résoudrait ce problème.
Le gouvernement, qui a sauvé in extremis la banque en 2008, en y injectant plusieurs milliards d’euros, préférerait éviter sa faillite avant les prochaines échéances électorales. Il y trouverait donc aussi un intérêt.
Poker menteur – Reste que l’on voit mal comment cet éventuel nouvel acteur pourrait cohabiter avec l’Agence de financement public des collectivités locales, lancée mardi 20 septembre au siège de l’Association des maires de France. « Il peut y a voir de la place pour tout le monde, relativise un banquier, sauf si l’Etat accorde sa garantie à la nouvelle banque formée autour de Dexia Crédit local ».
Plus globalement, certains continuent de considérer que le marché du financement des collectivités locales fait actuellement l’objet d’un poker menteur, de la part des banques d’une part, et peut-être de l’Etat d’autre part.
« En réponse aux obligations de Bâle III, qui leur imposent d’augmenter leur part de fonds propres et de réduire leurs bilans, les banques pratiquent délibérément des marges excessives sur le marché des collectivités locales, pour tenter de convaincre les élus locaux qu’il faut en finir avec la règle du dépôt de leurs fonds auprès du Trésor », affirme un élu féru de ces questions.
« Il n’est pas faux que, si les collectivités nous confiaient leurs comptes courant, la question de la crise de liquidité, et de son coût, ne se poserait pas de la même façon », reconnaît un banquier. L’Etat, aussi, est parfois taxé de jouer un double jeu, encourageant d’un côté les associations d’élus à poursuivre leurs travaux en vue d’une agence publique, tout en menant d’intenses tractations dans l’objectif de créer d’une nouvelle banque, semi-publique cette fois…