Une policière municipale poignardée sur son lieu de travail. Le 28 mai, à La Chapelle-sur-Erdre, commune d’à peine 20 000 habitants près de Nantes, Katel L. a frôlé la mort, violemment agressée par un déséquilibré, schizophrène et radicalisé. Huit jours plus tard, l’effroi a cédé la place à une émotion toujours vive dans les rangs, d’aucuns se remémorant le souvenir de Clarissa Jean-Philippe, cette policière municipale de Montrouge tombée sous les balles du terrorisme au lendemain de la tuerie de « Charlie Hebdo », en 2015.
Malheureusement, ces deux représentantes de l’autorité ne sont pas les seules victimes de la folie obscurantiste et de son dessein funeste. D’autres visages, d’autres noms, sont également gravés dans les mémoires, tués ou grièvement blessés parce qu’ils étaient policiers.
Troisième force
Passé la sidération, les questions se multiplient. Comment améliorer la sécurisation des locaux professionnels ? Faut-il aller plus loin dans la protection des policiers municipaux, dont la grande majorité est déjà équipée d’une arme à feu et d’un gilet pare-balles ? En apparences techniques, ces questions sont révélatrices de l’ambiguïté de cette « troisième force de sécurité intérieure », tiraillée entre des missions historiques de proximité et des interventions de type « police secours » de plus en plus nombreuses.
Police supplétive
Dans son dossier de la semaine, « La Gazette » retrace cette « inflexion sécuritaire », plus ou moins bien vécue par les agents eux-mêmes, qui redoutent de se transformer en police supplétive de la police nationale. « A nous d’être vigilants, pour ne pas y perdre notre âme », confie l’un d’eux, soucieux de préserver la spécificité et la plus-value du métier. Ils étaient d’ailleurs nombreux à s’inquiéter de la nouvelle salve de missions que la loi « sécurité globale » prévoyait de leur conférer.
Mais le Conseil constitutionnel en a voulu autrement, censurant une bonne partie du volet « PM » de la loi. Une décision qui, au regard des réactions très contrastées qu’elle provoque, a le mérite de freiner la surenchère et d’apaiser un débat sur les forces de sécurité qui en a bien besoin.