Il est dépassé, le temps des jumelages franco-allemands d’après-guerre ! Et même si la coopération décentralisée les a supplantés largement, ce ne sont plus véritablement les outils de l’action internationale des collectivités territoriales du XXIe siècle !
Ce constat est encore plus vrai avec la crise sanitaire qui, en fermant les frontières et en se barricadant dans les territoires, nous oblige à repenser le dialogue, la solidarité et l’interconnaissance entre les peuples.
Pour autant, les très graves crises, climatiques, sociales, ou encore économiques, forment les défis contemporains que l’entrée dans le XXIe siècle nous a amenés de façon frontale, et ces enjeux concernent l’ensemble des pays du monde.
Les cadres dirigeants des collectivités ont un vrai rôle à jouer dans la valorisation de l’action internationale au bénéfice des territoires
Si les États peinent à s’organiser et trouver un terrain d’entente diplomatique pour y faire face, il revient aux territoires d’agir. Elinor Ostrom avait déjà identifié la force de l’action locale et détaillé la nécessité d’une action « multi-niveaux » dans un article publié en 2012.
Elle y développait l’idée d’une approche multiscalaire pour la lutte contre le réchauffement climatique en partant du principe qu’il ne faudra pas compter sur une coordination des États. On peut en déduire que l’action collective des territoires et en particulier des villes est une piste sérieuse à exploiter sur la base de réseaux de plus en plus construits.
En effet, les réseaux internationaux de villes se sont montrés particulièrement actifs depuis 10 ans pour l’instauration d’une diplomatie des villes. Ainsi, le multilatéralisme a supplanté les traditionnels modes d’action internationale des collectivités territoriales, les jumelages ou la coopération décentralisée. Ces nouvelles formes d’échanges reposent sur le principe de la réciprocité et l’interconnaissance mutuelle basée sur les savoirs techniques à mobiliser en faveur de la résilience des villes. Les collectivités territoriales ne se posent plus en pourvoyeuse de ressources, de connaissances ou de moyens techniques, mais agissent pour l’intérêt de leur territoire.
Dans cette dynamique, les cadres dirigeants des collectivités ont un vrai rôle à jouer dans la valorisation de l’action internationale au bénéfice des territoires.
Nombre d’entre elles ont fait le choix d’impliquer les citoyens en les rendant acteurs de l’action internationale. Partant du constat d’une moindre implication citoyenne, les collectivités ressentent la nécessité de la développer. Des actions sont notamment menées en direction des jeunes pour les inciter à s’ouvrir au monde et à l’altérité, à se former ou améliorer leurs compétences linguistiques.
L’action des collectivités à l’international se voit renforcée grâce à la création prochaine d’un dispositif 1% transport et mobilité, comme il existe aujourd’hui pour les secteurs de l’eau et l’assainissement, des déchets et de l’énergie.
Le champ d’intervention des collectivités à l’international est vaste et concerne toutes les strates souvent sans coordination et en ordre dispersé. Il convient donc de bien anticiper les actions et de les articuler afin d’en améliorer la lisibilité. Pour se concrétiser, ces nouvelles formes de l’action internationale, couplées aux nouvelles orientations données par les exécutifs récemment élus vont reposer de manière centrale sur le tandem cadre dirigeant – élu, garant de la bonne mise en marche et de la coordination des dispositifs à l’échelle d’un territoire.