Ce sont deux petites communes rurales au centre du Morbihan, distantes de cinq kilomètres. Crédin (1 600 hab.) et Rohan (1 600 hab.) emploient une agente de bibliothèque qui partage son temps entre les deux sites. Dans une commune, elle est épaulée par neuf bénévoles ; dans l’autre, elle est seule. « Comme je travaille à Crédin le samedi matin, des bénévoles assurent une permanence pour ouvrir la bibliothèque de Rohan, indique Nelly Le Moullec. Je les forme au logiciel et au classement des collections, et ils peuvent bénéficier des formations de la médiathèque départementale. Je leur propose de faire des animations, une personne prépare une séance de lecture. L’an passé, une autre a organisé une initiation à la généalogie. »
Collaborateur occasionnel
Le bénévolat en bibliothèque suscite l’intérêt du ministère de la Culture, en témoignent l’inspection générale en cours sur « la place et le rôle du bénévolat dans les bibliothèques territoriales » et la journée qui sera consacrée en 2021 à la formation des bénévoles dans le cadre des assises de la formation en bibliothèque territoriale (1). Ce sont des questions de responsabilité juridique concernant les bénévoles qui ont mis la puce à l’oreille du ministère. « L’idée est d’identifier leurs profils et leurs aspirations, annonce Philippe Mercerou, chargé de ce rapport, puis de s’intéresser aux liens entre la collectivité et le bénévole. Ils ont des droits et des devoirs réciproques. » L’inspecteur se penche notamment sur la notion jurisprudentielle de collaborateur occasionnel du service public.
Nombre de professionnels de la lecture publique préfèrent parler de « volontaires », en référence aux pompiers, plutôt que de « bénévoles », bien que les deux termes soient synonymes. La sénatrice Sylvie Robert ne souscrit pas à cette distinction. « Les bénévoles donnent du temps pour l’intérêt général, dit-elle. Les professionnels ont souvent peur qu’ils ne se substituent à eux. » Comme le montre ce témoignage recueilli en Isère, une bénévole peut se sentir « tiraillée entre l’enthousiasme d’être une bénévole ‘‘professionnalisée’’ et le sentiment de prendre une place de salarié ».
Toutefois, les données de l’Observatoire de la lecture publique (2017) sont explicites. Les régions comptabilisant le plus grand nombre de salariés par habitant sont aussi celles où le nombre de bénévoles est le plus élevé (Auvergne – Rhône-Alpes, Bretagne) ; la corrélation inverse fonctionne aussi (Hauts-de-France, Grand Est). On observe également que plus les bénévoles sont nombreux, moins ils sont qualifiés. « Quand une bibliothèque a un salarié, on a quinze ou vingt bénévoles en renfort, abonde Céline Ménéghin, directrice adjointe de la bibliothèque départementale de Loir-et-Cher. Dans les plus petites communes, les équipes complètement bénévoles sont plus restreintes. Quand il y a des salariés, c’est davantage un bénévolat sur des projets, avec des temps de présence plus courts et un meilleur épanouissement. »
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