« Fin 2020, la France devrait avoir construit 100 000 logements de moins qu’en 2019, soit une rĂ©duction de 25 % de la production annuelle. Après la crise sanitaire, c’est une crise aiguĂ« du logement qui s’annonce, traduction de l’arrĂŞt de la construction pendant un trimestre », a rĂ©sumĂ© Dominique Estrosi Sassone, sĂ©natrice des Alpes-Maritimes, en ouverture du dĂ©bat au SĂ©nat consacrĂ© Ă la situation du logement et du bâtiment après la crise.
Les questions des sĂ©nateurs ont beaucoup portĂ© sur les aspects sociaux de la crise – aide au paiement des loyers, soutien aux bailleurs sociaux, mais aussi sur les enjeux climatiques, au lendemain de la prĂ©sentation des rĂ©sultats de la convention citoyenne pour le climat.
Doper la rénovation énergétique du bâtiment
La rĂ©novation Ă©nergĂ©tique des bâtiments a ainsi Ă©tĂ© largement abordĂ©e, pour souligner son insuffisance. » Nous devons donner la prioritĂ© Ă la rĂ©novation Ă©nergĂ©tique. « Ma Prime Renov » est une prime très simple d’accès et sociale : ainsi, 67 % des 50 000 dossiers ouverts depuis mai concernaient les 20 % des mĂ©nages les plus modestes – Ă l’inverse du crĂ©dit d’impĂ´t. Entre le 1er janvier et le 31 mai, 50 000 dossiers ont Ă©tĂ© dĂ©posĂ©s, malgrĂ© le confinement. La dynamique marche. Mais il faut aller plus loin. Nous Ă©largirons la base Ă©ligible dès 2021 pour les dĂ©ciles 5 Ă 8″, a dĂ©clarĂ© le ministre. Il a aussi rappelĂ© le volet coercitif dĂ©jĂ existant, pour sensibiliser notamment les propriĂ©taires bailleurs, qui prĂ©voit Ă compter du 1er janvier 2023 l’interdiction de louer les logements « passoires thermiques relevant de la classe Ă©nergĂ©tique F ou G ».
Soutenir les locataires
InterrogĂ© par la sĂ©natrice du Haut-Rhin Patricia Schillinger sur les difficultĂ©s croissantes de paiement des loyers constatĂ©es par l’Agence nationale pour l’information sur le logement, Julien Denormandie a rĂ©capitulĂ© l’ensemble des aides mises en place depuis le dĂ©but du confinement : une prime de 150 euros, plus 100 euros par enfant, pour tous les bĂ©nĂ©ficiaires de l’aide personnelle au logement (APL), une aide exceptionnelle mise en place avec Action Logement de 150 euros par mois pendant deux mois.
Le dispositif des fonds de solidaritĂ© du logement (FSL), dĂ©partementalisĂ©, et donc avec un règlement propre Ă chaque dĂ©partement, a Ă©tĂ© mis en question : les aides ne sont parfois dĂ©clenchĂ©es qu’après deux Ă trois mois d’impayĂ©s, ce qui ne correspond pas Ă l’urgence de la situation actuelle. « Tout le monde me demande d’abonder le FSL, mais le problème est surtout son utilisation. Les modalitĂ©s d’accès au FSL sont variables selon les dĂ©partements », a rĂ©torquĂ© Julien Denormandie.
Financer les bailleurs sociaux
Quant aux bailleurs sociaux, eux aussi fragilisĂ©s par les impayĂ©s de loyer, les arrĂŞts de chantier, les surcoĂ»ts engendrĂ©s sur ceux-ci par les mesures de protection sanitaire, la sĂ©natrice des Hautes-PyrĂ©nĂ©es Viviane Artigalas a notamment rĂ©clamĂ© un retour Ă la TVA Ă 5,5% pour la construction de logements sociaux. Le ministre du logement a rappelĂ© la mise en place du mĂ©canisme des titres participatifs au bĂ©nĂ©fice des bailleurs sociaux, ce qui a gĂ©nĂ©rĂ© 900 millions Ă un milliard d’euros, qui s’apparentent Ă des quasi fonds propres. « Le prĂ©sident de la principale fĂ©dĂ©ration des OPH nous a dit qu’il n’aurait pas inventĂ© de meilleur outil. Nous avons aussi ouvert une ligne de trĂ©sorerie de 2 milliards d’euros pour les bailleurs sociaux », a-t-il conclu.
Enfin, les sĂ©nateurs ont abordĂ© la relance du secteur du bâtiment, alors que la pĂ©riode d’Ă©lections municipales marque traditionnellement un coup d’arrĂŞt de nombreux chantiers, cette fois aggravĂ©e par le confinement. « Nous devons Ă©viter un trou d’air Ă l’automne. J’ai demandĂ© Ă toutes mes Ă©quipes d’ĂŞtre des facilitateurs. Parfois, l’instruction des services de l’État est trop lente. Il faut ĂŞtre dans la rapiditĂ©, l’envie, la dynamique de reprise, qui est lĂ , puisque 93 % des chantiers ont repris » a conclu Julien Denormandie.
Les propositions de relance des sénateurs
Le 17 juin, les sénatrices Dominique Estrosi Sassone et Annie Guillemot, pilotes de la cellule logement de la commission des affaires économiques du Sénat, ont présenté leurs propositions pour la relance de la construction, du logement et de la politique de la ville.
Les propositions sont structurées autour de quatre axes :
- Construire plus, notamment en abaissant la TVA à 5,5% sur la construction de logements sociaux, en favorisant le retour des investisseurs institutionnels sur le secteur du logement, ou encore convoquer dès l’été un « Ségur du droit de l’urbanisme » pour se donner un cadre juridique, consensuel et sécurisé, plus agile pour relancer la construction.
- Construire mieux en promouvant la rénovation énergétique, et en faisant accepter la ville dense de qualité
- SĂ©curiser l’accès au logement en amplifiant la politique du Logement d’abord, en prĂ©venant les impayĂ©s de loyer en mettant en place un outil comme un fonds d’aide Ă la quittance d’urgence demandĂ©e par la Fondation AbbĂ© Pierre et en revalorisant les APL.
- Relancer la politique de la ville








