Comme chaque année, l’IGB, placée sous la tutelle des ministères de la Culture (bibliothèques d’Etat et de collectivités) et de l’Enseignement et la recherche (bibliothèques universitaires), donne un coup de projecteur sur les équipements récemment visités, quelques problématiques professionnelles, et dresse le bilan de la participation des inspecteurs à diverses instances administratives (jurys de concours, commissions administratives paritaires, conseils d’administration).
Les inspecteurs s’alarment notamment du sort réservé aux questions patrimoniales dans le fonctionnement des bibliothèques territoriales et les formations des professionnels et dénoncent une « tendance à la marginalisation ».
Cette évolution contrarie les efforts du ministère de la Culture, initiateur d’un Plan d’action pour le patrimoine écrit (2004) et attentif à la prise en compte de ce domaine lors de la mise à disposition de conservateurs d’Etat dans les BMC.
Former tous les bibliothécaires – Face à ce constat, les inspecteurs généraux demandent que la formation de tous les bibliothécaires fasse « une place systématique au patrimoine dispersé dans les bibliothèques placées sous la tutelle de l’Etat et plus encore dans les bibliothèques territoriales. »
Une telle évolution s’avère d’autant plus urgente que le « retard accumulé » dans le traitement des fonds patrimoniaux porte sur « un tiers des livres imprimés, les deux tiers au moins des collections iconographiques et cartographiques, et une proportion encore bien plus grande des collections numismatiques ».
De ce fait, déplore l’IGB, les bibliothèques ne sont pas en mesure de satisfaire le public, dont l’intérêt s’est renforcé « tant pour les collections patrimoniales elles-mêmes, que pour leur représentation numérique, ou même pour leur valeur mémorielle ».
De plus, observe l’IGB, l’approche patrimoniale concerne aussi les collections numériques natives qui sont en train de se développer.
La situation des DOM passée au crible – En 2010, les inspecteurs généraux ont par ailleurs passé au crible la situation dans les DOM, avec un constat assez sévère.
Ils décrivent une réalité contrastée, selon qu’il s’agit d’un équipement relevant d’un département ou d’une commune :
- dans le premier cas, les bibliothèques « ne constituent plus ou pas une priorité pour les conseils généraux » ;
- dans le second, la situation est plus « hétérogène », certaines communes présentant des « équipements réussis et attractifs. »
D’une façon générale, les collectivités intègrent peu les bibliothèques dans leurs politiques publiques, notamment dans leurs dispositifs sociaux de lutte contre l’illettrisme, et les bâtiments sont souvent dégradés.
Quant aux BDP, « les conseils généraux ne jouent pas entièrement le rôle d’animation du réseau départemental de lecture publique qui devrait être le leur », en raison de manque de formation des bibliothécaires, par ailleurs trop dispersés, d’un système de desserte inadapté au territoire, d’une offre documentaire insuffisante.