Aurélien Mahot
Depuis le passage au stade 3 de l'épidémie, de nombreuses collectivités en charge des déchets se recentrent sur leurs missions prioritaires de gestion des ordures ménagères résiduelles. Arrêt des déchetteries, suspension de la collecte sélective, les décisions qui se multiplient sur le territoire ont pour objectif de protéger les agents pour assurer la salubrité publique durant la crise.
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Les responsables des services techniques au coeur de la crise sanitaire
Depuis le début de la crise sanitaire, les collectivités compétentes sur la gestion des déchets ont aujourd’hui comme consigne de maintenir l’activité sur les missions prioritaires liées à la collecte et au traitement des ordures ménagères résiduelles (OMR) et des déchets médicaux (DASRI).
Pas de mesures de protection spécifiques
Les mesures de protection qui s’appliquent aux agents des déchets n’ont pour le moment pas été modifiées. « Que ce soient sur la gestion des OMR ou des DASRI mis en conteneurs étanches, les agents ne sont pas en contact avec les déchets tout le long de la chaîne. Il n’y a donc pas d’évolution prévue sur les mesures de protection sanitaires encadrant ces activités », rappelle Olivier Castagno, responsable du pôle déchets chez Amorce.
Les agents de collecte travaillent déjà en routine avec des équipements de protection individuelle (gants, tenue visible, lunettes de protection) et les camions de collecte sont désinfectés régulièrement. Dans ces différents métiers, le port du masque n’est pas une obligation mais il peut être tenu à disposition de certaines fonctions clé comme, au Syctom, pour les opérateurs des salles de commande des usines de traitement et les agents de centre de tri en période de crise, précise Catherine Boux, sa directrice adjointe chargée de l’exploitation et de la valorisation des déchets. Face au risque spécifique Covid, le groupe Suez indique qu’il applique à ses équipes les précautions d’usages, gants pour la manipulation des déchets, masques et lunettes à proximité d’aérosols et de poussière, et qu’il pourra assurer ses missions opérationnelles essentielles même avec un effectif inférieur à 40%.
Prioriser les missions pour protéger les agents
En ce début de semaine du 16 mars, on observe ainsi déjà un recentrage des services sur leurs missions prioritaires de gestion des OMR, pris dans le cadre de plans de continuité. Pour préserver les gardiens en contact avec les usagers et limiter les déplacements sur le territoire, les déchetteries sont ainsi les premières installations à avoir été fermées. Les annonces se multiplient en ce sens sur le territoire. En Ile-de-France, le Syctom a fermé dimanche ses trois déchetteries fixes dans les Hauts-de-Seine pour préserver ses salariés et les réaffecter si besoin sur d’autres missions. Dans l’Aisne, le Sirtom du Laonnois qui gère la collecte de 85 000 habitants de l’agglomération de Laon et de trois communautés de communes a procédé de même lundi 16 mars, en fermant ses 11 déchetteries. Et toutes les collectivités de l’Aisne semblent suivre le même chemin.
Lundi après-midi, le tri a lui-aussi été officiellement suspendu sur ce département par décision préfectorale. « Nous fermons l’accueil sur nos deux centres de tri mardi matin et nos collectivités adhérentes suspendent la collecte sélective. C’est une décision concertée qui nous permettra de protéger nos agents de tri- les plus sensibles au risque de contamination de par leur proximité de travail dans les centres, et de nous concentrer sur le transfert et le traitement des OMR durant la crise », explique Jérôme Littière, directeur général des services de Valor’Aisne, le syndicat départemental de traitement des déchets de l’Aisne qui gère 112 000 tonnes par an d’ordures ménagères.
En diffusant l’information sur les réseaux sociaux et sur son site internet, le Sirtom du Laonnois a informé directement ses usagers de la nécessité de conserver leurs bacs jaunes jusqu’à nouvel ordre. Avec la suspension de la collecte sélective, le syndicat autorise l’absence de ses agents de collecte deux jours par semaine pour les protéger au maximum du risque de contamination et assurer la continuité de collecte sur les OMR. Leur emploi du temps quotidien a été raccourci d’une heure pour éviter leur rassemblement dans les locaux sociaux après les tournées et tous les camions sont équipés de gel, d’eau et de savon. « Pour le moment, nous conservons une tournée hebdomadaire sur les OMR et nous verrons avec la préfecture si nous pouvons passer à une tournée tous les 15 jours », observe Fabienne Wast, directrice générale du Sirtom du Laonnois. Priorité donc à la salubrité publique en essayant de tenir le cap en mode dégradé dans une situation de crise inédite.