Michèle Pappalardo (ENA) fustige leur manque d’originalité et de courage, Jacques Marsaud (Inet) loue leur personnalité forte et leur intelligence des situations. Bigre ! Lorsque l’on sait que, pour les recrutements externes, les candidats sont les mêmes, on peut se poser des questions.
Excès d’enthousiasme de l’un ou d’esprit critique de l’autre ? Peut-être faut-il chercher une partie de la réponse dans le déroulement du concours.
La tyrannie du diplôme – L’ENA privilégie sûrement une forme de concours plus scolaire, l’Inet tentant de placer les apprentis administrateurs dans des situations professionnalisantes.
« Nous nous sommes mis en position de recruteurs, pas dans une posture de grand oral de type Sciences-po. Et, grâce à un blog, les candidats se sont vite passé le mot », nous a indiqués Jacques Marsaud.
Voilà donc un mystère en grande partie éclairci. Reste, au-delà de ce « match » ENA-Inet, à se poser la question de la pertinence de ce modèle de grande école.
Le politologue Patrick Le Lidec critique la « tyrannie du diplôme initial qui conditionne toute une carrière et génère des rentes de situation ». Nombre de territoriaux s’indignent face à la constitution d’une FPT à deux vitesses, avec des jeunes administrateurs grimpant rapidement vers les postes de direction et des promotions internes de plus en plus difficiles.
Toutes ces critiques sont à écouter et à prendre en considération. D’autant que, comme l’indique Patrick Le Lidec, « ce qu’est un individu à 23 ans ne permet pas de préjuger de ce qu’il deviendra à 40 ou à 50 ans ».
Ne pas briser l’équilibre – Ceci étant dit, la création de l’Inet a permis à la territoriale de constituer sa propre grande école. Sans cela, la proportion d’énarques serait beaucoup plus forte dans la FPT.
Aujourd’hui, s’y côtoient de jeunes administrateurs issus de concours et d’autres, plus âgés, possédant une formation universitaire et ayant, sans concours, grimpé « au mérite ». Il ne faudrait pas que cet équilibre se brise.
Les exécutifs doivent veiller à ne pas recruter uniquement de jeunes administrateurs à des postes de direction, comme on le voit ici ou là. Il leur faut aussi donner plus de possibilités de promotion interne, clef d’une bonne motivation et donc d’un management réussi.