« Le nucléaire est une école d’humilité et d’exigence » a rappelé d’entrée de jeu Henri Proglio, le président d’EDF, avant d’égrener les différentes mesures qui seront mises en place prochainement, après validation par l’ASN, l’Autorité de Sûreté Nucléaire.
Tirant l’expérience de l’enchaînement de catastrophes survenues dans la centrale de Fukushima – séisme, inondations, pertes d’alimentations électriques et de refroidissements -, la société nationale a engagé un examen approfondi de son parc nucléaire, composé de 58 réacteurs de type « réacteur à eau pressurisée.
« La catastrophe de Three Mile Island aux Etats-Unis, a déjà conduit à installer des recombineurs d’hydrogène dans les bâtiments réacteurs afin de transformer l’hydrogène en eau et d’éviter ainsi tout risque d’explosion. De même, suite aux incidents dans la centrale du Blayais, des travaux contre les risques d’inondation (murets, barrages supplémentaires, modifications d’ouvrages de génie civil) ont été entrepris à Gravelines et à Dampierre » a-t-il souligné.
Task Force – Au chapitre de la mauvaise gestion de crise japonaise, EDF propose de créer une « task force » nationale d’intervention rapide : « il s’agit de définir des moyens complémentaires d’apport en électricité et en eau, avec des moyens de transports et humains adaptés, mobilisables dans les 24 à 48 heures à l’échelle d’un site ».
Il s’agit pour le groupe public d’électricité de se doter de moyens susceptibles de faire face à la perte d’alimentation électrique et des systèmes de refroidissement en eau sur l’ensemble d’une centrale nucléaire comptant six réacteurs, comme celle de Gravelines dans le Nord.
Actuellement, EDF n’est en mesure de répondre rapidement à un accident de ce type que s’il survient sur un seul réacteur. A Fukushima, plusieurs réacteurs ont perdu simultanément toute alimentation en électricité, à la suite du tsunami qui a frappé les côtes japonaises.
Une organisation de crise renforcée pour faire face à des situations accidentelles graves, telle que la dégradation du combustible dans le réacteur et en piscine d’entreposage, épisode survenu au Japon.
Refus d’arrêt de certaines centrales – M. Proglio a de nouveau exclu d’arrêter une des centrales nucléaires d’EDF, au moment où plusieurs collectivités locales demandent la fermeture de celle de Fessenheim (Haut-Rhin), la plus vieille encore en exploitation en France.
« Si nous avions le moindre doute sur la sûreté de telle ou telle de nos installations, on n’attendrait pas que l’autorité de sûreté nous demande de l’arrêter pour le faire. Il n’est pas question de prendre le moindre risque en terme de sûreté », a-t-il assuré.
EDF n’entend pas non plus arrêter le chantier du réacteur de nouvelle génération EPR à Flamanville (Manche), afin d’attendre les conclusions de l’audit des centrales nucléaires demandé par le gouvernement. « C’est une question d’efficacité industrielle, pas de principe », a expliqué Hervé Machenaud, directeur exécutif en charge de la production et de l’ingénierie. « Aujourd’hui, arrêter Flamanville pendant six mois coûterait infiniment plus cher que d’avoir éventuellement à reprendre telle ou telle tuyauterie ou tel ou tel élément de génie civil », a-t-il estimé.
Concernant le projet d’EPR de Penly (Seine-Maritime), « s’il y a un projet qui ne présente aucun risque, c’est bien celui-là parce que c’est celui dans lequel on a le plus de temps pour prendre en compte toutes les conséquences possibles et toutes les mesures qui seront décidées », a ajouté M. Machenaud.