Réponse du ministère des transports : En premier lieu, il est nécessaire de rappeler qu’un contrat de concession autoroutière est un contrat par le biais duquel le concédant, en l’occurrence l’État, confie à une société les missions de financer, de concevoir, de construire, d’entretenir et d’exploiter un ouvrage. Les seules ressources de cette société sont constituées par les recettes des péages et éventuellement par des contributions publiques qui s’avéreraient nécessaires pour assurer l’équilibre économique de la concession. La société concessionnaire recourt à des emprunts pour financer les travaux de construction des ouvrages et mobilise également des capitaux propres qui sont apportés par ses actionnaires. Les ressources de la société, en particulier les recettes de péages sur la durée de la concession, sont donc utilisées non seulement pour assurer les frais d’entretien et d’exploitation qui apparaissent à la mise en service des ouvrages, mais également pour rembourser intégralement les emprunts, les capitaux propres et leur rémunération liés à la construction de l’infrastructure. De la même manière, la réalisation de tout nouvel aménagement sur le réseau en service d’une concession, dès lors qu’elle n’est pas prévue dans le contrat liant la société concessionnaire d’autoroutes et l’État, doit lui être compensée afin de maintenir l’équilibre contractuel et financier de la concession. L’augmentation du péage ne se limite donc pas à compenser l’entretien et l’exploitation de la voirie. À la fin des concessions, il peut s’avérer nécessaire de continuer à aménager le réseau autoroutier pour les besoins de l’usager, au-delà de son entretien et de son exploitation.
En second lieu, pour ce qui concerne une éventuelle résiliation des contrats en vue d’anticiper la fin des concessions, il est utile de rappeler qu’un groupe de travail constitué de parlementaires avait été mandaté fin 2014 par le Premier ministre pour examiner la situation des concessions et proposer des solutions aux conditions, jugées trop favorables par l’autorité de la concurrence, dont bénéficieraient les sociétés concessionnaires. Il est notamment apparu au groupe de travail, qui a rendu son rapport en février 2015, que l’évaluation de la rentabilité des concessions était un exercice délicat et que les sociétés concessionnaires ne réalisaient pas des « surprofits » exceptionnels, au regard de la dette qu’elles doivent rembourser. Le groupe de travail a également conclu à ne pas retenir l’option de résiliation des concessions, dont le montant de l’indemnité évalué à plusieurs dizaines de milliards d’euros était difficilement supportable pour les finances publiques. Cela demeure le cas aujourd’hui.
Références
Question écrite de Sarah El Haïry, n° 7615, JO de l'Assemblée nationale du 2 octobre 2018
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