Les villes moyennes ont leurs propres atouts pour le tourisme. Autant les mettre en avant. C’est l’objet de l’enquête publiée aujourd’hui par l’association Villes de France. Elle a été réalisée à l’été 2017 sur un échantillon de 16 villes de 15 000 à 100 000 habitants, avec 2900 touristes interrogés. Elle montre que les villes hors métropoles rassemblent au total plus de deux fois la recette du tourisme des grandes villes françaises : 8,7 milliards en 2016 contre 3,8. Elle a été présentée ce mardi au ministère de la Cohésion des territoires et des relations avec les collectivités territoriales.
Les touristes font des séjours plus longs dans ces communes que dans les grandes villes. Les retombées augmentent automatiquement. Ils dépensent 265 euros lors de leur voyage et louent à 54 euros par nuit. Pour comparaison, les visiteurs des grandes villes dépensent 240 euros par voyage (180 euros sans compter Paris).
Autre point intéressant, les parents sont plus enclins à y emmener leurs enfants que dans les métropoles. Les couples seuls et avec enfants totalisent 69% des visiteurs. Pour autant, le tourisme est largement porté par les plus de cinquante ans, qui représentent 65% des touristes. Par ailleurs, 28% sont des étrangers, venus notamment du Royaume-Uni et d’Allemagne.
Mieux hiérarchiser les critères de satisfaction
L’enquête analyse aussi les motivations et les critères de satisfaction des touristes en villégiature dans les villes moyennes. Sur l’ensemble des visiteurs, la moitié découvre la ville pour la première fois. Les touristes veulent en général visiter à la fois la ville et sa région. Ils s’intéressent très majoritairement au patrimoine, puis aux promenades et aux espaces naturels. Ils ont le désir de voir toutes les facettes de la ville, attentifs autant à la continuité des espaces urbains qu’à la cohérence d’ensemble des lieux et des activités qu’ils rencontrent. « La revitalisation des centre-villes augmente aussi l’attractivité touristique », explique Caroline Cayeux, présidente de Villes de France.
Il apparaît que certains critères de satisfaction pèsent davantage que d’autres dans l’image de la ville que les touristes emportent avec eux. L’ambiance, l’aménagement urbain, les espaces de circulation à pied et à vélo, les espaces verts comptent beaucoup, ainsi que la bonne mise en valeur du patrimoine et les sites et activités culturels. Lorsque les animations et manifestations laissent à désirer, l’effet est très négatif sur l’appréciation portée par les touristes sur la ville. Il en est de même pour l’offre d’activités sportives et de loisirs, pour la signalétique et pour l’information numérique sur tout ce qu’ils peuvent voir et faire.
Des perspectives d’amélioration pour l’hôtellerie
Les visiteurs ne programment pas toutes leurs visites à l’avance et attendent beaucoup des renseignements pratiques en ligne. Ils sont souvent dans la logique de se laisser aller à leurs envies en ayant les informations à disposition immédiatement. Ils apprécient aussi de vivre la ville comme les habitants, avoir la sensation de vivre à la française pour les étrangers. Ils recherchent des commerces, des animations, des hôtels typiques.
Pour cette raison, la qualité de l’hébergement joue aussi sur l’image de la ville. Les visiteurs sont très satisfaits des gîtes et hébergements par des particuliers, mais légèrement moins des hôtels. « C’est un challenge pour les villes d’aider à ce que les touristes trouvent une offre d’hôtels qu’ils identifient comme typique de la région et qui prolonge l’identité de la ville », commente Anne-Marie Gayral, responsable de CRP Consulting, auteur de l’étude. On ne pense pas toujours à ces différents aspects, lorsqu’on est pris dans le quotidien de la vie municipale », fait-elle remarquer.
De son côté, la ministre de la Cohésion des territoires Jacqueline Gourault est intervenue après la présentation de l’enquête. « Vous pourrez compter sur mon ministère, nous sommes pleinement mobilisés pour la réussite des politiques du tourisme », a-t-elle déclaré, tout en avertissant : « Je souhaite que les collectivités soient vigilantes (…) à bien y associer les populations, par des réunions, des concertations… »
Elle a dit vouloir mettre les services de l’État au service des collectivités via la future Agence de cohésion des territoires.
Références
- Le tourisme dans les villes moyennes, Novembre 2018, Villes de France, CGET
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