Ryanair rouvrira deux bases en France, à l’été 2019. Comme à son habitude, la compagnie aérienne maitrise sa communication avec une annonce le 27 septembre à Marseille puis à Bordeaux. Elle survient quelques jours après une décision en sa faveur de la Cour de cassation et à la veille d’un nouveau mouvement de grève massif qui l’oblige à annuler 250 vols en Europe.
C’est donc à Marseille et Bordeaux que quatre avions de la compagnie à bas coût repasseront leurs premières nuits en France. Depuis 2011, Ryanair n’avait plus de base, ce qui ne l’empêchait pas d’exploiter des lignes, mais contraignait son développement puisque les avions ne pouvaient pas dormir sur un aéroport national, faute de personnel employé en France.
Bras de fer avec la justice
La compagnie avait entamĂ© un bras de fer avec la justice au sujet de son usage du droit social irlandais, beaucoup moins exigeant, et donc bien moins couteux que l’application des règles françaises. Ryanair avait ainsi Ă©tĂ© condamnĂ©e en 2014 pour non respect du code du travail entre 2007 et 2010, oĂą elle employait 127 personnes sans payer ses cotisations sociales en France. La Cour de cassation a bien annulĂ© ce jugement, mais le dossier n’est pas clos puisqu’il est renvoyĂ© devant la cour d’appel de Paris.
« Notre décision de rouvrir des bases était prise avant l’arrêt de la Cour de cassation », concède David O’Brien, le directeur commercial de Ryanair. Outre Marseille et Bordeaux, Beauvais, Nantes ou Lyon devraient « prochainement » disposer de leur base. Car ce qui pousse véritablement l’irlandaise à se plier aux règles du droit français, c’est le potentiel de croissance que propose la France pour ces liaisons moyen-courrier à prix cassé. « Le trafic low cost représente 25 % des liaisons de l’aéroport, mesure le président du directoire de Marseille-Provence, Philippe Bernand. Notre objectif est de passer à 50 %, ce qui correspond à la moyenne attendue dans les aéroports français et européens ». Une « marge de progression énorme » que Ryanair compte bien exploiter.
Accueil Ă bras ouverts
Dans la mĂ©tropole marseillaise, le retour de la compagnie est accueilli avec enthousiasme. Ryanair se pose avec onze nouvelles destinations. Pour la mairie de Marseille, cette installation prouve le « rayonnement de la ville, soutenu par une politique d’attractivitĂ© Ă©conomique et touristique ambitieuse ». Le prĂ©sident du ComitĂ© rĂ©gional du tourisme de Provence-Alpes-CĂ´te d’azur ne voit dans cette annonce rien de moins que « le point de dĂ©part d’un nouveau dĂ©veloppement touristique pour la rĂ©gion ». « Cette nouvelle offre va donner un coup d’accĂ©lĂ©rateur au tourisme provenant des pays de l’Europe centrale et orientale, assure François de Canson. Des marchĂ©s que le CRT travaille depuis dĂ©jĂ plusieurs annĂ©es, avec une progression dans l’hĂ´tellerie des clientèles issues de ces pays de 9,3 % en moyenne par an depuis 2010 ».
MĂŞme constat Ă Bordeaux du prĂ©sident de l’aĂ©roport, Pascal Personne, pour qui « cette nouvelle base reprĂ©sente sans conteste un gain d’attractivitĂ© pour la Nouvelle Aquitaine ». Le « potentiel de dĂ©veloppement de Ryanair lui parait « très important pour Bordeaux, sur le long terme ».
Outre ses pratiques sociales, Ryanair a Ă©galement Ă©tĂ© impliquĂ©e dans de nombreuses affaires europĂ©ennes relevant des aides d’Etat pour des subventions plus ou moins dĂ©guisĂ©es versĂ©es par des collectivitĂ©s pour inciter la compagnie Ă s’implanter dans certains aĂ©roports. Des questions qui ne sont toujours pas rĂ©glĂ©es puisqu’une nouvelle affaire a Ă©tĂ© ouverte en juillet dernier, autour de l’aĂ©roport de Montpellier : une enquĂŞte approfondie de la Commission europĂ©enne vise Ă dĂ©terminer si les contrats de services de marketing conclus entre l’Association de promotion des flux touristiques et Ă©conomiques (APFTE), financĂ©e par des collectivitĂ©s rĂ©gionales, et Ryanair sont bien conformes au rĂ©gime des aides d’État.
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