Ce n’est pas en 2018 que les Français démentiront leur réputation d’être le public le plus cinéphile d’Europe devant les Allemands et les Britanniques, grâce aux 209 millions d’entrées réalisées. Deux tiers d’entre eux ont été au moins une fois au cinéma en 2017. Mais ce fait est surtout le résultat de l’existence, et du développement, encore aujourd’hui, de salles et d’écrans. C’est ce que montre le rapport annuel du Centre national du cinéma et de l’image animée (CNC) intitulé « La géographie du cinéma en 2017 » rendu public le 18 septembre.
19 000 fauteuils et 67 écrans en plus
A ce jour, le pays totalise plus de 2.000 établissements (dont 10% sont des multiplexes et plus de la moitié des salles mono-écrans) et quasiment 6.000 écrans.
« Ce ne sont pas les multiplexes et les grandes villes déjà très équipées qui portent la création de nouveaux écrans aujourd’hui », affirme Benoît Danard, directeur des études des statistiques et de la prospective du CNC en pointant une création nette de 19.000 fauteuils et de 67 écrans en 2017.
Evolution du parc cinématographique de 2008 à 2017
Source : CNC
Une tendance qui peut s’analyser ainsi sur les 20 dernières années : des écrans ont été pour deux tiers ouverts dans des communes de moins de 50.000 habitants (et pour un tiers dans les communes de moins de 20.000 habitants). « Avec la restauration du parc cinématographique, beaucoup de salles mono-écrans se sont équipées d’un ou de deux écrans supplémentaires », ajoute-t-il.
Une toile à une demi-heure de voiture
Principale conséquence : plus de 1.600 communes en France sont aujourd’hui dotées d’au moins une salle de cinéma fixe. En matière d’accès, 70% des Français peuvent ainsi se faire une toile à une demi-heure de voiture au maximum. « Le cinéma reste un lieu de vie et de rencontre et c’est à nous d’innover par rapport aux nouveaux usages pour maintenir les salles de cinéma au coeur de la pratique cinématographique », avance Frédérique Bredin, la présidente du CNC, qui cherche également à rassurer les exploitants et les distributeurs souvent diserts sur des publics parfois difficiles à capter. En matière de fréquentation, le nombre d’entrées reste pourtant surtout porté par les multiplexes – 56% en 2018 contre 60% en 2017.
Art et essai : un tiers de la fréquentation nationale
Quand on regarde la répartition des quelques 1.200 salles qui bénéficient d’un des trois labels cumulables donnant droit à l’appellation Art et Essai – Jeune public, Recherche et découverte ou Patrimoine et répertoire – et qui ne « sont pas l’apanage exclusif des petits établissements », on peut d’abord s’arrêter à la donnée suivante : près de 60% des salles de cinéma françaises sont classées.
Mais cela ne représente que 40% des fauteuils. Elles sont surtout présentes dans les communes de moins de 10.000 habitants, relève la présidente de la CNC pointant leur « travail d’animation, de programmation notamment auprès des jeunes ». Ils assurent près d’un tiers de la fréquentation nationale.
Les salles Art et essai en 2017
(Source : CNC)
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Des spécificités régionales
Si l’accès à une salle de cinéma et à une offre cinématographique est disparate selon les lieux, chaque région a des spécificités qui peuvent se révéler étonnantes. Ainsi, en Auvergne-Rhônes-Alpes, avec 325 établissements, on trouve le plus grand nombre de communes équipées et un public jeune de 3-14 ans plus cinéphile qu’ailleurs en France.
Mais c’est, pourtant, bien l’Ile-de-France qui conserve la première place de la région la mieux équipée en écrans avec 1.123 écrans. En France, 1 écran sur 5 se trouve donc en région parisienne. Si on ajoute la Nouvelle-Aquitaine, on obtient un trio gagnant : à elles trois, « ces régions regroupent 43,7% des écrans français et 40,2% de la population », note le rapport.
En Bourgogne-Franche-Comté, les étudiants portent la fréquentation des salles puisqu’ils représentent 30% des spectateurs. C’est également la région qui capitalise le plus grand nombre d’entrées par personne dans les cinémas catégorisés Art et Essai. Cette catégorie représente dans cette région plus de 60% des ventes de billets, du jamais vu !
La place la moins chère en Pays de la Loire
En revanche, la région Grand-Est est la favorite des multiplexes, qui constituent un sixième du parc cinématographique régional.
Les Bretons se distinguent, eux, pour leur préférence plus marquée pour les films français qui englobent 43% des entrées, sans dépasser pour autant les 45% de parts de marché américaine. Un podium serré qu’on ne retrouve nul part ailleurs. Les habitants des Pays de la Loire pourront néanmoins se vanter de bénéficier de la place de cinéma la moins chère à 6,12 euros contre 6,59 euros en moyenne en France.
Références
- Géographie du cinéma en 2017
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