Le gouvernement a lancĂ©, jeudi 14 juin, une expĂ©rimentation pour l’utilisation de l’intelligence artificielle dans l’administration, concrĂ©tisĂ©e par un appel Ă manifestation d’intĂ©rĂŞt (AMI) « pour expĂ©rimenter l’IA dans les services publics ». Un programme d’amorçage pour dĂ©velopper le recours Ă l’intelligence artificielle pour la transformation des mĂ©tiers et de l’action publique… A ce stade, elle ne concerne pas les services des collectivitĂ©s territoriales.
Et pourtant. Deux exemples d’utilisation de l’intelligence artificielle ont été cités durant le lancement de cet appel à projets, et les deux impliquaient, plus ou moins directement les collectivités ! Ces dernières sont donc bien impactées par l’arrivée de l’IA.
Pour Henri Verdier, directeur interministĂ©riel du numĂ©rique et du système d’information de l’Etat français, cet AMI est avant tout le commencement « d’une bataille culturelle pour la propagation de l’intelligence artificielle dans l’administration ». Car pour lui, « la pointe actuelle du numĂ©rique, c’est l’intelligence artificielle. Les enjeux en termes de productivitĂ© et d’efficacitĂ© sont Ă©normes. » Pour illustrer son propos, le patron de la Dinsic a prĂ©sagĂ© que « dans moins de dix ans, le fonctionnement des feux rouges sera optimisĂ© pour diminuer la pollution de l’air grâce Ă l’intelligence artificielle ».
Le communiqué de presse, cosigné par la Dinsic et la DITP, va dans le même sens, en expliquant que l’objectif est d’initier un mouvement d’utilisation des différentes technologies qui composent l’IA « pour un meilleur service rendu aux usagers ».
La prévisibilité des interventions des sapeurs-pompiers
Pour dĂ©montrer l’utilitĂ© de l’utilisation de ces dispositifs, un projet en cours d’élaboration par une Ă©quipe d’entrepreneurs d’intĂ©rĂŞt gĂ©nĂ©ral a Ă©tĂ© mis en avant : PrĂ©visecours. Un projet montĂ© en partenariat avec les sapeurs-pompiers de l’Essonne, afin de pouvoir anticiper leurs interventions, et ainsi ajuster les effectifs dans le temps et dans l’espace afin d’Ă©viter la saturation des capacitĂ©s ou la mobilisation excessive.
Thiphaine Phe-Neau, data scientist, explique que pour le moment, les équipes s’attachent à récolter toutes les données nécessaires (données des interventions passées dans les casernes, données météorologiques, pyramides des âges, données de santé …). « Toutes ces données seront ensuite utilisées pour nourrir un logiciel capable d’auto-apprendre (par du machine learning). Celui-ci révélera des liens non-intuitifs, et permettra de prévoir précisément les interventions des sapeurs-pompiers, et donc d’apporter une meilleure réponse opérationnelle. »
Une aide à la décision publique
Prévisecours a pour objectif de diminuer le temps d’intervention, d’ajuster les effectifs, et éventuellement de créer de nouvelles casernes. Il devient ainsi une aide à la décision. Ce qui est bien l’objectif fixé par le secrétariat d’Etat au Numérique. L’intelligence artificielle doit devenir une aide à la décision publique.
Et cela devra rester une aide. La loi relative à la protection des données personnelles, qui sera très prochainement promulguée, légalise les décisions administratives relevant exclusivement de traitements automatisés.
Mais le Conseil constitutionnel, dans sa dĂ©cision du 12 juin, prĂ©cise que « le responsable du traitement doit s’assurer de la maĂ®trise du traitement algorithmique et de ses Ă©volutions afin de pouvoir expliquer la manière dont le traitement a Ă©tĂ© mis en Ĺ“uvre Ă son Ă©gard. Il en rĂ©sulte que ne peuvent ĂŞtre utilisĂ©s, comme fondement exclusif d’une dĂ©cision administrative individuelle, des algorithmes susceptibles de rĂ©viser eux-mĂŞmes les règles qu’ils appliquent, sans le contrĂ´le et la validation du responsable du traitement. »
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