Les affiches de la campagne de communication de FNE vont être attaquées en justice par le conseil régional de Bretagne.
Jean-Yves Le Drian a annoncé le 16 février son intention de défendre les intérêts de sa région en Justice. Cette campagne de communication est « une attaque caricaturale », s’indigne le président du conseil régional.
Les fameuses affiches ne seront pas non plus diffusées dans le métro : elles ont été retirées à la demande de la RATP au nom de la neutralité du service public.
Le comité régional du tourisme a toutefois décidé de saisir le gendarme de la publicité, l’ARPP.
Plus généralement, élus, de droite comme de gauche, professionnels du monde agricole, et jusqu’à certaines associations environnementales, dont Eaux et Rivières, qui fait pourtant partie de FNE, s’élèvent contre l’amalgame pratiqué par cette campagne qui met en scène notamment, une plage bretonne recouverte d’algues vertes pour stigmatiser les pratiques de l’agriculture intensive.
Le problème, c’est que la Bretagne cherche depuis plusieurs années à surmonter cette situation, avec le soutien de l’Etat, des collectivités, des professionnels et des associations.
Attaques caricaturales – Le président (PS) du conseil régional de Bretagne, Jean-Yves Le Drian, s’est publiquement insurgé contre les méthodes de FNE, dénonçant dans un communiqué des « attaques caricaturales » qui « risquent de réduire à néant les efforts des acteurs de terrain et de raviver les clivages ».
De son côté, le député européen (UMP) Alain Cadec, président du comité Algues vertes et du Comité de l’eau du bassin de Saint-Brieuc, se déclare « scandalisé par la violence de cette campagne, à la fois outrancière et dévastatrice ». Il appelle les membres du comité à se réunir le 18 mars pour « contrecarrer cette entreprise de démolition ».
Même écœurement chez Thierry Burlot, vice-président (PS) du conseil régional en charge de l’eau et de la biodiversité. « Pleine de raccourcis désastreux, cette campagne est une véritable provocation, alors que nous sommes en train de construire un plan partenarial d’éradication des algues vertes », dénonce l’élu, qui rappelle que FNE porte atteinte à l’image de la Bretagne toute entière, alors que le phénomène des algues vertes ne touche que 5% du littoral breton.
Le risque est grand dans les prochains jours de voir réapparaître les postures radicales entre le monde agricole ainsi montré du doigt et les associations de préservation de l’environnement.
Et ce, alors même que la région organise depuis quelques semaines une vaste consultation publique sur la place de l’agriculture en Bretagne, afin de promouvoir une « nouvelle alliance » entre le territoire et ses agriculteurs.
Dans ce contexte tendu, le conseil régional pourrait décider lors de sa prochaine réunion de bureau le 17 février d’engager une action en justice contre FNE pour faire cesser la campagne et demander réparation.
FNE parle d’un « fleuve intarissable »
Dans sa campagne, France Nature environnement (FNE) donne quelques chiffres.
Elle estime ainsi que la responsabilité de l’élevage porcin est considérable puisqu’un porc produit 5,5 kg d’azote par jour sous forme de lisier (1 m3/animal) et que 1,2 millions de porcs en émettent ainsi entre 6 et 7000 tonnes chaque année.
« Cette concentration des élevages et des effluents se traduit par des infiltrations très importantes de nitrates sous les sols saturés par la masse de ces effluents », explique la FNE.
L’association énumère alors les nuisances en cascades :
- pollution de l’air par les émissions volatiles des lisiers,
- pollution de la ressource en eau qui dépasse la norme de potabilité légale en de nombreux captage (et condamnation de la France pour non-conformité),
- et enfin prolifération des algues en bout de chaine quand ces fertilisants arrivent à la mer.
Thèmes abordés
Régions