« Ce pré-rapport est un compte-rendu scrupuleux de la concertation qui a eu lieu. » Le président du Syndicat des énergies renouvelables (SER) André Antolini a salué, jeudi 10 février, le projet de rapport rédigé par Jean-Michel Charpin, inspecteur général des finances et Claude Trink, ingénieur général des mines, sur le développement de la filière photovoltaïque.
Le 3 décembre, un décret du gouvernement a suspendu temporairement l’obligation d’achat d’électricité photovoltaïque jusqu’au 3 mars. Dans ce laps de temps, le chef de l’Etat a donc confié à ces deux rapporteurs le soin de prendre le pouls de la filière pour opérer en douceur la transition post-moratoire.
Si le SER est globalement satisfait du texte provisoire, il pointe néanmoins du doigt le peu de propositions faites par ses auteurs. « Le rapport ne répond pas aux questions qu’il soulève. »
Une vision trop budgétaire – Par ailleurs, le raisonnement quasi-exclusivement « budgétaire » du rapport est dommageable pour les professionnels du photovoltaïque, estime le syndicat. « La vision industrielle, qui est essentielle dans le secteur photovoltaïque, est certes intégrée dans le rapport, mais n’est pas une idée forte » déplore-t-on dans les rangs du SER.
De même, le président du groupement français des professionnels du solaire, Arnaud Mine, regrette que « les relations entre le monde du bâtiment et le photovoltaïque ne transparaissent pas ».
La réalité de la file d’attente des projets photovoltaïques est aussi sujette à débat. « Le rapport parle de 50% de mortalité des projets du solaire. Or, toutes les études que nous avons menées font état d’un pourcentage d’au moins 65% », affirme Arnaud Mine.
Divergence sur le mode de calcul – La dernière divergence porte sur le calcul du tarif de l’électricité issue du solaire. L’ENR estime que les spécificités du photovoltaïque ne sont pas assez prises en compte.
« Le solaire est une production diurne et décentralisée. Il n’y a pas d’acheminement : le bâtiment équipé de panneaux consomme immédiatement l’énergie produite. Il faut prendre en compte ces deux éléments dans le calcul du coût de l’électricité. »
Les professionnels ont désormais une semaine pour faire part de leurs observations au gouvernement, pour que celui-ci ait le temps de rendre sa décision finale, le 3 mars. « Nous sommes dans une urgence absolue pour finaliser ce rapport », s’alarme André Antolini.