La dĂ©cision sâest faite attendre. Elle a enfin Ă©tĂ© rendue ce 22 fĂ©vrier. Depuis lâautomne, le gouvernement devait confirmer, ou au contraire revoir, le calendrier du chantier du Grand Paris Express. Dans ce but, il avait demandĂ© au mois dâaoĂ»t un rapport au prĂ©fet de la rĂ©gion Ile-de-France. Celui-ci lâa rendu en septembre et il y prĂ©conisait un Ă©talement du programme des travaux. Depuis quelques semaines, le gouvernement faisait entendre une petite musique : les dĂ©lais prĂ©vus Ă©taient intenables. Le rapport de la Cour des comptes, prĂ©sentĂ© le 17 janvier, a fait office de dĂ©tonateur. Il a mis en avant un dĂ©rapage budgĂ©taire de 13 milliards dâeuros, soit une hausse de 50 % par rapport au montant initial.
Lâalourdissement de la facture est en partie due Ă lâaccĂ©lĂ©ration des calendriers. Alors que le projet devait sâĂ©taler jusquâen 2030, la candidature française aux Jeux Olympiques, finalement victorieuse, a poussĂ© au raccourcissement des dĂ©lais pour viser un grand nombre de mises en service dâici 2024. Le respect de ce calendrier est alors devenu plus important que celui des coĂ»ts selon la Cour des Comptes. Pourtant, mĂȘme avec la meilleure volontĂ© du monde et des fonds sans limite, les dĂ©lais ont Ă©tĂ© jugĂ©s « irrĂ©alistes ». Tout comme le prĂ©fet de rĂ©gion, la Cour rĂ©clamait donc un nouveau phasage. Forts de ces deux documents, le gouvernement a effectivement tranchĂ© en ce sens.
Lâobjectif 2030 maintenu
« Je nâĂ©prouve aucun plaisir Ă jouer les pĂšres la rigueur », a fait savoir Edouard Philippe en prĂ©ambule. Mais le Premier ministre « ne veut pas prendre le risque de voir les dĂ©passements devenir la rĂšgle et que les chiffres dĂ©rivent Ă nouveau ».
Le nouveau calendrier revient donc au principe dâun Ă©talement jusquâen 2030. Cinq tronçons sont jugĂ©es prioritaires et conservent lâobjectif dâune mise en service en 2024 : la ligne 15 sud, le tronçon commun entre les lignes 16 et 17 (Saint-Denis Pleyel – Le Blanc-Mesnil), la ligne 16 entre Le Bourget et Clichy-Montfermeil et le prolongement de la ligne 14 au nord et au sud. Elisabeth Borne a expliquĂ© ce choix par le fait que ce sont les lignes qui « bĂ©nĂ©ficient au plus grand nombre de Franciliens » et sont « nĂ©cessaires au bon dĂ©roulement des Jeux Olympiques ».
Retards pour plusieurs lignes
La desserte de lâaĂ©roport du Bourget par la ligne 17 sera rĂ©alisĂ©e pour 2024, « si possible ». Sinon, des navettes assureront la liaison pendant les Jeux Olympiques. Le dernier tronçon de la ligne 16 (entre Clichy-Montfermeil et Noisy-Champs) est prĂ©vu pour 2030 (contre 2023, tout comme ceux des lignes 15 est et 15 ouest (contre 2025 et 2027).
Pour le reste de la ligne 17 et la ligne 18, les Ă©lus ont le choix de voir le verre Ă moitiĂ© vide ou Ă moitiĂ© plein. Un premier tronçon est prĂ©vu pour 2027 pour chacune. LâachĂšvement des lignes est visĂ© pour 2030. Câest un donc une mise en service retardĂ©e que le gouvernement a annoncĂ©. Mais pendant plusieurs semaines, les Ă©lus ont mĂȘme craint que ces lignes passent tout simplement Ă la trappe. La ligne 17, qui desservira lâaĂ©roport de Roissy, aurait pu ĂȘtre perçue comme un doublon au Charles-de-Gaulle-Express. Quant Ă la ligne 18, son intĂ©rĂȘt fait dĂ©bat depuis le dĂ©part. Mais Edouard Philippe et Elisabeth Borne ont tous deux insistĂ© : toutes les lignes seront bien rĂ©alisĂ©es et lâensemble des marchĂ©s seront attribuĂ©s pendant ce quinquennat afin de rendre les projets irrĂ©versibles.
Nouveau calendrier âextrĂȘmement tenduâ
En prĂ©sentant ce nouveau calendrier, Edouard Philippe a fait savoir quâil souhaite que le scĂ©nario de la ligne 15 sud, dont la mise en service a donc dĂ©jĂ Ă©tĂ© reportĂ©e deux fois, ne se reproduise pas. Anticipant la grogne des Ă©lus locaux qui voient leurs chantiers retardĂ©s, il a aussi tenu Ă souligner que ce nouveau calendrier, sâil est davantage rĂ©aliste, nâen est pas moins « extrĂȘmement tendu ». Un tunnelier creuse au maximum 12 mĂštres par jour. 200 kilomĂštres doivent sortir de terre dâici 2030. Et pour y parvenir les sous-sols franciliens vont voir affluer 21 tunneliers, alors que lâEurope dans son ensemble nâen compte que 23. Câest ce « gigantisme » du projet selon Edouard Philippe, qui pousse le gouvernement Ă reprendre la main et Ă faire Ă©voluer aussi la gouvernance.
Reprise en main de la gouvernance et du modĂšle financier
Le « chantier du siĂšcle » est pilotĂ© par la SociĂ©tĂ© du Grand Paris. Elle regroupe 200 personnes. Insuffisant pour assumer une telle tĂąche. Le gouvernement envisage de lui octroyer des moyens humains supplĂ©mentaires mais nâa pas encore prĂ©cisĂ© leur nombre.
En outre, des tĂȘtes vont sauter. Edouard Philippe a annoncĂ© un changement de direction, pour engager une « nouvelle impulsion ». Philippe Yvin, directeur de la SGP, va donc faire office de fusible. Edouard Philippe nâa pas donnĂ© dâindications quant Ă la future nouvelle direction.
Enfin, le gouvernement a demandĂ© Ă Gilles Carrez, dĂ©putĂ© LR du Val-de-Marne  et ancien prĂ©sident de la commission des finances de lâAssemblĂ©e, de plancher sur le modĂšle Ă©conomique du projet. Edouard Philippe souhaite une optimisation des coĂ»ts de lâordre de 10 %.
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