La donnée est affaire de spécialistes, croit-on. C’est une grave erreur, même si tout nous pousse à la commettre. Au service de la surveillance des Etats, ou subtilisée par les hackers, elle passe pour sulfureuse ; stockée et livrée à des intelligences artificielles, elle menace notre libre arbitre et dévoile notre intimité sans qu’on puisse y résister. Voilà, à grands traits, les histoires qui se propagent à son sujet, produisant un imaginaire collectif fasciné et craintif. Beaucoup alors, impressionnés par ces notions nouvelles et un vocabulaire apparemment abscons, délèguent le sujet aux scientifiques et aux informaticiens.
Une chose immatérielle qui provient de toutes parts
Cette étrange chose immatérielle irrigue pourtant nos sociétés numériques, parcourt nos téléphones, nos maisons domotisées, et, de plus en plus, nos villes. Elle y arrive de toutes parts : des citoyens, des opérateurs de services publics, des entreprises, des réseaux sociaux… sans demander aucune autorisation. Elle bouscule ainsi les cadres de référence des dirigeants territoriaux.
Protection des données personnelles, ouverture des données publiques
Alors, quand la loi s’en mêle, l’affaire tourne au cauchemar. A ce titre, 2018 est l’annus horribilis par excellence, avec trois lourds dossiers à l’agenda des collectivités. Le premier, dès le 25 mai, avec l’entrée en vigueur du règlement général sur la protection des données personnelles (RGPD), sujet sensible s’il en est. En octobre, double dose, avec l’obligation effective d’ouvrir ses données publiques en général, et les données des marchés publics en particulier.
En toile de fond, les « villes intelligentes », qui synthétisent l’ensemble des questions soulevées par les données. Faut-il les déléguer au secteur privé, ou aux techniciens ? Assurément non, explique le chercheur Serge Abiteboul, qui met en évidence la dimension politique, préalable à tout traitement informatique. Mais les décideurs publics, agents et élus, doivent monter en compétence, pour faire valoir l’intérêt général de leur territoire face à des acteurs qui défendent d’abord le leur.
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