Être réalistes. L’ancien directeur général adjoint de la politique régionale à la Commission européenne, Jean-Charles Leygues, a mis en cause le positionnement des régions sur l’avenir de la politique régionale européenne, lors d’une conférence à Paris, jeudi 27 janvier (1).
Dans un contexte économique difficile, les régions font « comme si cela ne les concernait pas», a-t-il expliqué. « Tant qu’elles continuent comme cela, elles sont les alibis à la conditionnalité macroéconomique ». Une allusion à la proposition de la Commission de priver de fonds les régions appartenant à des Etats membres qui ne respectent pas le pacte de stabilité.
L’ancien directeur général adjoint a estimé que les régions devraient plaider pour que le versement des fonds soit lié aux réalisations de la politique de cohésion.
Contre la flexibilité – « L’idée qu’une intervention financière européenne puisse être conditionnée à certains résultats ne me semble pas aberrante », a-t-il souligné, précisant que « la conditionnalité spécifique est nécessaire mais elle est compliquée à mettre en œuvre».
Pour lui, les régions conçoivent la flexibilité dans l’utilisation des fonds comme une manière de défendre leurs propres priorités. « La flexibilité, ça veut dire « je fais n’importe quoi, ce que je veux, avec l’argent des autres » », a précisé M. Leygues.
Il a ainsi souhaité plus de cohérence dans les politiques menées dans le cadre européen. « Est-il tellement catastrophique de dire qu’il serait intéressant faire un effort de cohérence communautaire? », a-t-il interrogé.
Moins de poids pour les régions – Selon lui, les réformes structurelles menées par les Etats, à travers la politique de cohésion, pourraient être axées sur la stratégie Europe 2020. « Les critères [d’Europe 2020] devront être traduits par l’Etat membre, en fonction de son système régional ou local. En conséquence, la programmation d’une région va devoir prendre en compte ces critères. »
Pour Jean-Charles Leygues, les Etats cherchent avant tout à donner la priorité aux réformes nationales, parfois au détriment des régions, qui passent alors au second plan. Et ce, «même si la Commission affirme, employant un langage politiquement correct, que les régions ont un rôle extrêmement important dans Europe 2020 ».
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Note 01 L'évènement était organisée par le Ceri et la délégation interministérielle à l'aménagement du territoire et à l'attractivité régionale (Datar), sur l’état de la discussion et de la préparation de la politique de cohésion 2014-2020, jeudi 27 janvier. Retour au texte