Le deuxième plan algues vertes ne fait pas l’unanimité en Bretagne où la communauté de communes du pays fouesnantais (Finistère, 7 communes, 28 000 habitants) a décidé de ne pas apporter son paraphe aux documents contractuels que sept autres baies à algues vertes signeront à partir de janvier 2018.
Avant le vote formel du conseil communautaire en séance, le 13 décembre, Roger Le Goff, président de la commission locale de l’eau Sud Cornouailles et de la communauté de communes a justifié ce vote par :
- « Le manque de plus-value des opérations bassins versant en lien avec la limite des compétences des collectivités
- « L’inertie du plan algues vertes II (deux années transitoires sans volet opérationnel)
- « La résorption des points noirs [relevant] plus de la réglementation en vigueur,
- « Le risque de coresponsabilité avec l’Etat en cas de contentieux européen (article 112 de la loi NOTRe) ».
55 millions d’euros pour le nouveau plan algues vertes
Cette défiance n’a pas empêché le conseil régional de Bretagne d’adopter ce même deuxième plan algues vertes, deux jours plus tard, avec les voix du groupe socialiste, du Front national et l’abstention de la droite. Alors que le premier plan quinquennal prévoyait 134 millions d’euros de crédit, celui-ci n’envisage que 55 millions d’euros de dépenses financées par l’Etat (25 millions d’euros), le conseil régional de Bretagne (12 millions d’euros), l’Agence de l’eau Loire-Bretagne (16 millions d’euros) et les collectivités locales (3 millions d’euros). « Nous avons eu du mal à obtenir les financements, commente Thierry Burlot, vice-président du conseil régional chargé de l’eau. Maintenant, on avance. L’important, c’est que nous continuons à travailler sur la prévention des algues vertes. »
« Les collectivités sont exigeantes »
Alors qu’il se souvient, il y a quelques années, d’un « dimanche sur une plage finistérienne où d’un côté, les agriculteurs manifestaient et de l’autre côté, les associations d’environnement », il ne trouve pas matière à s’inquiéter dans le vote fouesnantais. « A mon avis, ils ne remettent pas en cause le plan algues et je suis content de voir que les collectivités sont exigeantes pour que les engagements aboutissent réellement à une diminution des nitrates, » commente-t-il.
Le préfet du Finistère ne semble pas davantage troublé par coup de semonce de Roger Le Goff. Il écrit dans un communiqué qu’il « entend poursuivre le dialogue avec les différents acteurs de la reconquête du littoral » et qu’il « considère le travail partenarial local comme le moyen le plus efficace pour atteindre l’objectif fixé et partagé collectivement : la réduction drastique des algues vertes sur nos côtes, au moyen d’une diminution des nitrates utilisés et diffusés dans les sols. »
Points noirs
Concernant les « points noirs », le plan algues indique que sur le territoire de Fouesnant (15 343 hectares), neuf ont été détectés entre 2011 et 2014, avec des concentrations en nitrates régulièrement supérieures à 50 mg/L et proches de 100 mg/L. Malgré une enquête et des contrôles, six points noirs persistaient en 2015. « S’il y a des points noirs, que l’Etat agisse ! » s’exclame Thierry Burlot. Justement, parmi les quatre niveaux d’action identifiés pour ce territoire figure « l’intervention régalienne de l’Etat sur la suppression des situations ciblées comme irrégulières sur le plan environnemental ».
« Pour l’article 112 de la loi NOTRe, les élus de Fouesnant ont raison, » commente aussi le vice-président de la région Bretagne, qui s’était déjà alarmé quand cette disposition avait été présentée par le gouvernement de Jean-Marc Ayrault, en 2014.
Alors qu’il vient d’être élu président du comité de bassin Loire-Bretagne, Thierry Burlot ne se départit pas de son optimisme et de son volontarisme. « L’objectif de la CLE de la baie de Douarnenez est d’atteindre une concentration en nitrates de 15 mg/L, expliquait-il en session. A côté, le schéma d’aménagement et de gestion de l’eau Cher amont est de ne pas dépasser les 100mg/L dans les eaux souterraines. En Bretagne, nous allons devenir une région exemplaire. Ça va être long, mais on va le devenir. »
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