Un réseau « dangereusement vieillissant », devenu « sensible à l’extrême aux aléas climatiques » ; une entreprise EDF qui « obéit à la logique de ses actionnaires, consistant à investir dans ce qui rapporte le plus. Or investir dans les réseaux de distribution est ce qui rapporte le moins. »
Le discours de Michel Lapeyre, commissaire à la Commission de régulation de l’énergie (CRE) jusqu’en mars 2010 et auparavant directeur de la Fédération nationale des collectivités concédantes et régies (FNCCR), n’a pas varié. La nouveauté réside dans l’appréciation qu’il porte sur le rapport publié en octobre par son ex-employeur, la CRE.
Il « n’a plus grand chose à voir avec le pré-rapport que nous avions rédigé il y a un an, tranche-t-il. Son contenu a été vidé de toute substance susceptible de créer la polémique. Cette version édulcorée a pour fonction de reporter le problème à plus tard afin de ne pas déplaire. »
Comme neuf mois plus tôt, la CRE a répondu en minorant la valeur dudit pré-rapport, qualifié de « simple document de travail »…
Une priorité à inscrire dans les faits
Si la CRE observe comme lui une dégradation de la qualité d’alimentation d’électricité, due à un manque d’investissements entre 1994 et 2004, Michel Lapeyre reproche à l’autorité de régulation de s’arrêter au constat et même de considérer cette situation comme « acceptable », dit-il, en situant le réseau français « dans une bonne moyenne européenne ».
Le concessionnaire ERDF, qui gère 95% du réseau de distribution sur le territoire métropolitain, le classe au contraire « parmi les plus fiables et performants d’Europe », rapport du Conseil des régulateurs européens de l’énergie (CEER) à l’appui.
La filiale d’EDF reconnait toutefois que « beaucoup de travail reste à faire » et assure que les efforts de modernisation du réseau, une « priorité » pour l’entreprise, « s’inscrivent sur le long terme ».
De la Dordogne à la Loire en passant par le Calvados, l’Ardèche ou l’Ile-de-France, les élus locaux, de plus en plus virulents à l’égard d’ERDF depuis deux ans, ne demandent qu’à voir.
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