Les déserts médicaux s’étendent dans les campagnes mais également les zones péri-urbaines. Il faut parfois attendre des mois avant de voir un spécialiste et dans certains territoires, avoir un médecin traitant est de plus en plus compliqué.Le président du conseil départemental de Saône-et-Loire a donc décidé d’agir et de faire voter, ce jeudi 22 juin, la possibilité pour son territoire de recruter des médecins généralistes pour les dispatcher dans les zones sensibles du territoire.
« Il manque 30 médecins généralistes », explique André Accary, président (LR) du conseil départemental. Si la situation est déjà difficile, elle ne devrait qu’empirer avec l’augmentation de l’âge moyen des généralistes, dont plusieurs devraient partir en retraite dans les prochaines années. « Avec le nombre de personnes âgées en hausse, le problème sera très important d’ici quatre à cinq ans », complète l’élu qui veut donc « recruter dès maintenant ».
Mettre de la souplesse
Ces trente généralistes seraient recrutés comme des médecins territoriaux, appartenant donc à la fonction publique territoriale, comme les médecins de PMI, à 35 heures par semaine. Quand on fait remarquer au président de Saône-et-Loire qu’il est déjà souvent difficile de recruter des médecins territoriaux, il assure : « sur le modèle des médecins de PMI mais avec plus de souplesse, cela peut fonctionner. »
Cette « souplesse » serait notamment de permettre aux médecins de signer des contrats à temps partiel pour continuer à exercer à l’hôpital par exemple. Cela permet aussi au praticien d’éviter la charge administrative qui va de pair avec l’installation en libéral puisque le département prévoit aussi le recrutement d’un secrétariat médical.
Mais « souplesse » veut aussi dire que les médecins pourraient travailler sur plusieurs secteurs du département. Car ils pourraient changer régulièrement de ville, au gré des installation de libéraux. « S’il y a une installation de médecins libéraux dans un lieu, nous retirerons nos médecins », explique André Accary.
Le président imagine également la possibilité pour certains de « ses » médecins d’intégrer des cabinets de libéraux, submergés par les demandes après les départs en retraite de confrères. Pas sûr néanmoins que les libéraux voient d’un bon œil d’avoir des collègues qui ne feraient que 35 heures…
Investissement rentable à terme
Sur le coût de cette “task force” de médecins, André Accary l’affirme, c’est un investissement qui sera rentable à terme. « Le prix des consultation seront touchées par la collectivité. Dans un premier temps, ce sera un investissement car les médecins ne verront pas tout de suite 50 patients par jour mais après quelques mois, ce sera un service rentable », détaille le président.
L’exemple de la commune de La Ferté-Bernard (9.000 hab.) dans la Sarthe semble lui donner raison. Lassés de ne plus trouver de médecin libéraux pour s’installer dans la ville, les élus ont créés un centre de santé municipal qui salarie trois médecins. Ouvert en septembre 2011, le centre était après quatre années de fonctionnement, « le service public qui nous coûte le moins cher », selon les mots du maire de la commune Jean-Carles Grelier au Courrier des maires.
Pas d’aides à l’installation
Dans un communiqué, la Fédération des médecins de France, syndicat de praticiens, « salue » la volonté d’André Accary de vouloir prendre en main cette question. Ils préfèrent toutefois que les collectivités incitent à l’installation en libéral :
Des initiatives locales voient le jour partout en France en ce sens, dans la Creuse ou en Corse par exemple, où certains villages proposent de loger les internes, de leur payer les transports ou encore de leur allouer une prime pour faciliter leur découverte de la pratique et susciter chez eux la vocation libérale.
Une fausse bonne idée pour le président de Saône-et-Loire :
Je ne cherche pas une solution miraculeuse et je ne sais pas si ma proposition fonctionnera mais je ne supporte plus que des mairies se volent les médecins les unes aux autres. Je comprends les élus qui le font, car ils sont dans une situation dramatique, mais ces transferts de généralistes deviennent insupportables
Un sujet de campagne
La question des déserts médicaux, que craignent beaucoup de Français a été abordée par la plupart des candidats à la présidentielle. Le candidat Emmanuel Macron proposait notamment le développement des maisons de santé pluridisciplinaires et le relèvement du numerus clausus (nombre d’étudiants en médecine admis à passer en deuxième année).
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