Adoptée à l’unanimité, la loi Lemaire offre un cadre légal à l’open data. Qu’en est-il sur le terrain ?
Nous constatons une évolution importante, aussi bien pour le partage de données qu’en matière de réutilisation. Le site data.gouv.fr recense aujourd’hui 25 000 jeux de données, contre 18 000 il y a un an, dont des bases très importantes (comme Sirene, produite par l’Insee sur les entreprises), et 18 000 utilisateurs sont inscrits sur la plateforme.
Mais surtout, l’usage des données s’accroît : l’augmentation de 60% par an du trafic sur data.gouv.fr en témoigne. La consultation en ligne sur le service public de la donnée — qui vient tout juste d’être lancé et marque une avancée majeure — a montré des attentes importantes sur certaines informations de référence. Les données tendent aussi à devenir un outil d’aide à la décision pour les administrations, qui les utilisent de plus en plus pour améliorer l’efficacité de leurs actions.
Par ailleurs, outre la mise à disposition des données publiques par défaut, celle des codes-sources des logiciels administratifs et la transparence des algorithmes apportent une traduction concrète à l’accès à l’information et à l’ouverture de l’action publique.
Vous dites que de nombreux projets combinent aujourd’hui l’open data, les data sciences et les contributions des citoyens. Par exemple ?
Je peux notamment citer le projet Open Solar Map, qui permet de repérer automatiquement, à partir d’images partagées et d’algorithmes, les toits sur lesquels pourraient être installés des panneaux solaires. Avec ces informations, les décideurs publics peuvent déterminer si le développement de l’énergie solaire est pertinent sur leur territoire. Sur le même principe, les collectivités pourraient choisir où installer des passages piétons, comment aménager la circulation routière ou définir tout autre type de politique publique…
Comment accompagnez-vous les collectivités dans cette nouvelle obligation ?
Etalab est membre de l’association Opendata France, qui soutient les collectivités dans leur démarche d’ouverture des données. Nous les aidons ainsi à décliner la stratégie nationale à l’échelon local. Le volet open data prévu par la loi Lemaire entrera totalement en vigueur en octobre 2018, d’où l’importance de la pédagogie préalable dans les territoires. Etalab soutient le projet Opendata locale, qui expérimente dans neuf territoires un dispositif d’accompagnement à l’ouverture des données, pour une généralisation après 2018. Il vise à déterminer quelles données ouvrir en premier, quels outils et plateformes devront adopter les collectivités, comment organiser l’animation locale et quel socle de formation offrir aux agents. Un volet du programme des investissements d’avenir financera également des projets, pour appuyer les collectivités.
L’aspect collaboratif se retrouvera-t-il aussi dans les formations ?
En effet, les formations peuvent être développées de façon collaborative et ouverte. Opendata France a déjà conçu des guides pratiques, auxquels Etalab a contribué. Nous réfléchissons à la façon de les enrichir de façon plus collective au profit de tous, grâce aux contributions des administrations, des collectivités, mais aussi de la société civile.
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