Toujours en gestation et, pourtant, déjà au cœur de toutes critiques. Née le 1er janvier 2016, la métropole du Grand Paris (MGP) suscite un tir de barrage chez les plupart des candidats à la présidentielle. Seuls, les anciens ministres de François Hollande, Emmanuel Macron et Benoît Hamon défendent le maintien du groupement urbain instauré par les lois MAPTAM et NOTRe de 2014 et 2015.
Lors du salon des maires d’Ile-de-France, le 30 mars 2017, le représentant du leader d’En Marche, le député-maire (PS) de Fresnes (Val-de-Marne) Jean-Jacques Bridey n’a, cependant, pas manifesté un enthousiasme excessif : « La loi NOTRe n’était pas la loi que souhaitait le Sénat. Ce n’est pas le texte rêvé de l’Assemblée non plus. Ce n’est la loi de personne. Il faut que cela devienne la loi de tout le monde. Cette métropole du Grand Paris, ne la détruisons pas ! »
A l’instar du patron de la MGP, Patrick Ollier (LR), Jean-Jacques Bridey a préconisé une extension du périmètre du groupement urbain à la zone dense de la grande couronne, citant Roissy et Evry. Fidèle aux fondamentaux d’Emmanuel Macron, il a aussi prôné la disparition des départements dans le périmètre métropolitain. Les compétences de ces collectivités ont vocation, dans ce schéma, à être reprises par la MGP et les établissements publics territoriaux, ersatz de communautés d’agglomération mis en place par la loi MAPTAM.
Benoit Hamon pour du sur-mesure
Pour le représentant de Benoît Hamon, le président socialiste de la Seine-Saint-Denis Stéphane Troussel, Emmanuel Macron vise à côté : « Je ne crois pas que Patrick Ollier réclame les missions d’action sociale du département… On n’aura pas fait progresser la solidarité territoriale si l’EPT de Plaine Commune (Seine-Saint-Denis) verse le RSA… »
Selon Stéphane Troussel, le modèle lyonnais fondé sur la fusion département-métropole « ne sera pas le modèle parisien ou marseillais ». A ses yeux, il faut donner sa chance à la MGP dans son architecture actuelle. « Je ne crois pas au grand soir des territoires car, souvent, après, il y a les petits lendemains qui déchantent. »
Tout au contraire, François Fillon veut faire un sort au nouveau groupement urbain. « La métropole du Grand Paris est venue ajouter une strate de collectivité territoriale alors qu’il convenait d’en supprimer. Je suis pour sa suppression », a-t-il précisé dans un entretien automnal à La Gazette. Son représentant au salon des maires d’Ile-de-France, Hugues Portelli, sénateur et premier magistrat d’Ermont (Val-d’Oise), ne s’est guère aventuré sur ce terrain-là.
« On a autant de communes en France que dans le reste de l’Union européenne. Une grande partie des communes de moins de 500 habitants ne sont pas viable. Elles ne peuvent même pas se payer un cantonnier et une secrétaire », a-t-il, en revanche, vilipendé, plaidant pour des fusions massives et volontaires dans le cadre des communes nouvelles.
Plus étrangement, Hugues Portelli a paru dubitatif devant une mesure-phare de l’ancien Premier ministre. « François Fillon dit ‘on ne va pas augmenter la DGF, on va la baisser’. Moi, ça ne me fait pas rire », a-t-il lâché.
A une question sur le souhait, un temps formulé, de François Fillon de voir revenir le conseiller territorial sur la table, il a fait une réponse plus surprenante encore. « Il peut remettre tout ce qu’il veut sur la table. Encore faut qu’il en ait les moyens… », a-t-il glissé, semblant sérieusement douter des chances de succès de son champion.
Marine Le Pen pour un coup de balai
Le représentant de Jean-Luc Mélenchon a été davantage dans les clous. « Il faut mettre un coup d’arrêt au couple métropole-région qui vampirise l’espace public et étouffe les communes », a souhaité l’adjoint au maire (PG) de Champigny-sur-Marne (Val-de-Marne), François Cocq.
« Nous voulons supprimer la métropole du Grand Paris à cause de son déficit démocratique qui rompt avec la commune, le département et l’Etat », a, pour sa part, indiqué le délégué de Marine Le Pen, le conseiller régional d’Ile-de-France, Wallerand de Saint-Just. « Nicolas Dupont-Aignan n’est pas favorable au développement des métropoles », a précisé, dans le même sillon le maire de Saint-Prix (Val-d’Oise), Jean-Pierre Enjalbert, dénonçant « une augmentation des charges fiscales ».
« De nouvelles administrations s’épanouissent sans qu’on en supprime d’autres », a-t-il ajouté. Pour Jean-Pierre Enjalbert, tout comme pour les représentants de Jean-Luc Mélenchon et Marine Le Pen, les intercommunalités sont « technocratiques » et « anti-démocratiques ». Elles sont, à leurs yeux, autant de mini-Unions européennes plantées au cœur du territoire national.
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