Une progression spectaculaire. Le développement exponentiel de la crémation, ces dernières années, constitue sans aucun doute l’un des principaux bouleversements du monde funéraire. Les chiffres sont éloquents. Alors qu’elle ne concernait que 1% des funérailles au début des années 80 la pratique crématiste atteint aujourd’hui 30%, voire 50 % dans les territoires fortement urbanisés. Longtemps marginalisée, loin derrière l’inhumation traditionnelle, la crémation est donc en passe de devenir un mode de funérailles « banalisé ».
Un phénomène de société. Les explications sont multiples. Tout d’abord, la crémation présenterait un intérêt économique pour les familles: près de 1000euros en moins par rapport à l’inhumation. Une différence qui tendrait toutefois à s’estomper. Ensuite vient l’argument écologique, souvent évoqué dans les grandes villes saturées. Enfin, cette évolution est, de toute évidence, liée au recul de la pratique religieuse, notamment catholique. En effet, selon un récent sondage Ipsos, les Français se considérant croyants et pratiquants ne représentent plus que 11% de la population. Or si l’Eglise catholique tolère le recours à la crémation depuis le concile Vatican II en 1963, les réticences restent encore nombreuses envers ce mode de funérailles, longtemps tabou.
De nouvelles obligations. Pour faire face à cette forte progression, la réforme de la législation funéraire, votée en décembre 2008, a entériné une série de mesures destinées à mieux répondre aux besoins des familles. Parmi les principales dispositions figure l’obligation, pour les communes de plus de 2000habitants, de créer des sites cinéraires d’ici 2013. En outre, de nouvelles règles, plus restrictives, régissent désormais la destination des cendres humaines afin de garantir une plus grande «traçabilité». Le retour de l’urne funéraire au domicile privé, notamment, est aujourd’hui interdit. Au-delà, les professionnels du secteur public appellent les élus locaux à profiter de la réforme pour réfléchir davantage au mode de gestion des crématoriums, trop souvent déléguée, selon eux.
Priorité aux familles. Souvent critiqué dans le passé, l’accompagnement des familles ayant choisi la crémation fait, à présent, l’objet d’une attention particulière de la part des gestionnaires de crématorium. Un véritable savoir-faire a vu le jour et les initiatives se développent pour rendre «plus humaine» la pratique crématiste, parfois jugée violente pour ceux qui restent. Qu’il s’agisse de l’élaboration de rites ou de l’organisation des sites cinéraires, la tendance est à la personnalisation des obsèques, afin «de mieux accompagner le deuil».
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Face à l’essor de la crémation, le service public innove
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- Introduction – Funéraire : Face à l’essor de la crémation, le service public innove
- Réforme funéraire : de nouvelles règles à mettre en œuvre
- Funéraire : Accompagner les familles, le savoir-faire du service public
- Entretien avec Corinne Loiodice, présidente de l’Union du pôle funéraire public
- Funéraire : Montpellier élabore des rites pour mieux aider les proches
- Le point sur la législation funéraire – Analyse juridique