«Avec l’annonce de la contribution des revenus locatifs des offices HLM, de la baisse proportionnée des aides directes de l’Etat et de l’encadrement des hausses de loyers, le logement social va vivre une triple peine qui aboutira à un étranglement financier», estime Didier Marie, président de l’office HLM de Seine-Maritime, Habitat 76, «alors que nos concitoyens n’ont jamais eus autant besoin des Hlm et que le logement pour tous devrait être la priorité absolue de l’Etat».
Pour Didier Marie, également président (PS) du département, la contribution des revenus locatifs annoncée par le gouvernement équivaudrait à une ponction annuelle de 340 millions d’euros sur les organismes HLM, soit 1,02 milliard d’euros sur 3 ans au moins, ou encore 2% des loyers HLM collectés en 2010.
Concernant Habitat 76 cela représenterait 2,4 millions d’euros en moins, soit 2,4% des loyers. « Cette somme équivaut à la construction de 62 logements neufs, soit l’équivalent de 17% des fonds propres, constitués chaque année par Habitat 76 pour financer son plan de patrimoine, l’entretien, l’amélioration et l’adaptation des logements de son parc. Il faudra donc, si cette contribution est votée, recourir à l’emprunt et prévoir des hausses de loyer plus importantes dans le cadre des accords collectifs à passer avec les locataires pour chaque opération de réhabilitation ».
Concernant les aides à la pierre financées par l’Etat, qui vont passer de 630 millions en 2010, plan de relance inclus, à 160 millions d’euros en 2011 et n’atteindraient plus que 60 millions d’euros en 2013, cela se traduit déjà en Seine-Maritime par 375 logements en moins. « Il y a 10 ans, la subvention de l’Etat représentait 6% d’un plan de financement d’une opération sociale, aujourd’hui elle ne couvre plus que 3% », précise l’élu. « Dans le même temps, la part des subventions des collectivités locales est passée de 2% à 8% et celle des fonds propres des organismes de 2% à 10%. Pour Habitat 76, en 2009, pour 327 logements construits ou réhabilités, les aides de l’Etat représentaient 1 million d’euros. En 2010, pour 1093 logements programmés dans des opérations de ce type, les aides de l’Etat représentent 1,5 million d’euros».
Quant au plafonnement des hausses de loyers sur l’Indice de Référence des Loyers (IRL) souhaité par le gouvernement en 2011, Didier Marie le voit comme un simple effet d’annonce. « Les organismes HLM appliquent déjà cet indice et en 2010, l’écart entre la hausse moyenne constatée et l’IRL est infinitésimal, 1 euro en moyenne par mois et par logement ».
Menaces sur l’emploi
Autre inquiétude du président de l’office, les conséquences sur l’emploi. Pour la Seine-Maritime, il estime à 500 le nombre de logements qui ne seraient pas construits ou rénovés à l’avenir, «autant d’actions qui nécessitent d’importantes mises de fonds propres des organismes », dans ces conditions financières. Ceci se traduirait, d’après les calculs de ses services, par la suppression de 853 emplois dans le bâtiment.
Didier Marie n’est cependant pas hostile à la négociation : « le Mouvement HLM n’est pas opposé, en période de difficultés pour les finances publiques, à examiner les conditions d’une plus grande solidarité, mais celles-ci doivent rester dans des normes raisonnables au regard des objectifs de réduction des déficits ».
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