L’Ademe a présenté le 1er septembre les modalités de l’appel à projets « méthanisation ». Quelles en sont les grandes lignes ?
Gilles Petitjean : il s’agit d’un programme d’aide à l’agriculture avec des engagements financiers pour limiter les flux d’azote vers les côtes et expérimenter avec les agriculteurs bretons la nécessaire mutation environnementale. Le développement de la méthanisation (1) s’inscrit dans la lutte contre les marées vertes. Comme il s’agit d’un dossier complexe, nous avons organisé l’appel à projets en deux phases, pour permettre à tous ceux qui souhaitent y participer d’avoir le temps de bien préparer les choses. La première phase sera close fin décembre, la seconde fin juin.
Quels types de projets souhaitez-vous accompagner ?
Le panel est large, et le montant des investissements devrait être compris entre 500 000 euros et 2 à 3 millions d’euros, en fonction de la taille des équipements envisagés. Cela ira de la petite installation de 100 MWe chez un agriculteur indépendant, à l’opération plus importante portée par une collectivité ou un groupement. Dans tous les cas, il s’agit de méthaniser les lisiers et fumiers excédentaires des baies à algues vertes et de substituer 50% des engrais minéraux utilisés dans ces zones par du digestat de méthanisation.
Quels sont vos objectifs ?
Nous visons la construction d’une vingtaine d’installations dans les bassins versants situés en amont des huit baies concernées par les algues vertes. Compte tenu des délais d’instruction des dossiers, les premières devraient voir le jour fin 2012. Il faudra structurer l’offre : actuellement, il existe cinq ou six entreprises en Bretagne susceptibles de construire des unités clés en mains. Mais à terme, notre objectif consiste à réaliser 50 à 100 installations par an en Bretagne.
Quel sera le montant des aides accordées ?
Il n’ya pas d’enveloppe prédéfinie. En principe, les aides devront permettre d’atteindre un retour brut sur investissement au bout de six ans. Nous travaillons actuellement à la mise au point des instruments financiers adaptés à ce type de marché. L’Ademe travaille avec deux chargés de missions qui vont instruire les dossiers dans leurs dimensions techniques et juridiques, et dont les postes sont en partie financés par les conseils généraux et le conseil régional de Bretagne.
Thèmes abordés
Régions
Notes
Note 01 La méthanisation de matières organiques est une fermentation en l’absence d’oxygène qui a lieu dans une cuve fermée (appelée digesteur), chauffée et agitée. Ces matières organiques ainsi traitées produisent du biogaz et du digestat. Le biogaz, valorisable énergétiquement, est composé de 50 à 70% de méthane ; le digestat, produit liquide (5-10 % de matière sèche), est composé d’une fraction stabilisée de la matière organique d'origine et des éléments fertilisants. Ce digestat peut être épandu au champ (source : Ademe). Retour au texte