Son nom, au PS, fleure bon l’âge d’or de la conquête territoriale. François Rebsamen, qui a arraché la ville de Dijon à la droite en 2001, a été nommé le 14 mars président de la Fédération nationale des élus socialistes et républicains (FNESR). Ainsi en a décidé le premier secrétaire du parti, Jean-Christophe Cambadélis.
Le maire de Dijon succède à Pierre Cohen. En place depuis 2012, celui-ci avait conservé les commandes de la FNESR malgré sa défaite aux municipales de 2014 à Toulouse. A la veille d’une présidentielle et de législatives à très haut risque, l’ex-maire de la ville rose doit céder la place à un poids lourd. A regret… Dans sa lettre de démission dévoilée sur le site de France 3 Midi-Pyrénées, Pierre Cohen dénonce une cabale contre « les amis de Martine Aubry ».
Realpolitik
Numéro deux du PS durant les années Hollande à la tête du parti, François Rebsamen appartient au premier cercle du président de la République. Homme de réseau, il maîtrise les arcanes des associations d’élus comme du ministère de l’Intérieur, où il a œuvré auprès de Pierre Joxe.
A défaut de décrocher la place Beauvau au début de cette mandature, il est devenu ministre du Travail au printemps 2014. A l’été 2015, suite à la disparition de sa doublure à Dijon, Alain Millot, il a préféré quitter le Gouvernement pour retrouver son fauteuil de premier magistrat. Sa marque de fabrique dans la capitale de la Bourgogne / Franche-Comté : une politique plutôt business friendly associée à une forte prescience des enjeux de sécurité. A l’instar d’un Gérard Collomb, François Rebsamen est la quintessence du grand élu socialiste, adepte de la realpolitik, jaloux de son indépendance et naturellement hostile à la loi sur le non-cumul. Une espèce en voie de disparition.
Hémorragie
Les scrutins de 2014 et 2015 ont saigné à blanc le parti. Jamais, sous la Vème République, l’un des partis dominants n’a perdu autant d’élus. Après les municipales de mars 2014, 15 000 édiles socialistes ont dû faire leurs cartons. Au total, la gauche a été défaite dans 196 municipalités de plus de 9 000 habitants et 60 de plus de 30 000 habitants.
L’hémorragie s’est poursuivie en 2015. En mars, le parti à la rose a perdu près de la moitié de ses départements. En décembre, il est passé de 22 régions sur 23 à 5 sur 13. Au-delà des pertes colossales en édiles, ces trois scrutins ont mis sur le carreau près de 1 500 collaborateurs d’élus. La tâche de François Rebsamen ne sera donc pas mince. Mais le nouveau patron de la FNESR affiche son volontarisme. « En ces périodes de crises et de perte de repères, les élus sont plus que jamais les meilleurs garants du lien social, du vivre ensemble qui peut nous préserver de la montée des extrémismes de tout bord », veut croire François Rebsamen.
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