« Si vous n’arrêtez pas de tirer sur l’élastique, un jour il vous pète à la gueule » : le président de l’Association des maires ruraux de France (AMRF), Vanik Berberian, explique avec l’un de ses dictons préférés les résultats des élections régionales marquées par l’abstention et la hausse du Front national (FN).
L’AMRF a réagi à travers une adresse au président de la République intitulée « Dix mesures chocs pour répondre aux besoins urgents des habitants et des territoires ». « C’est l’expression d’une exaspération. Cela fait des années que nous disons de regarder de près ce qui se passe dans les territoires ruraux, sinon nous allons le payer très cher. Nous l’avons dit à la précédente majorité et à l’actuelle. On en a assez que le FN progresse sur nos thèmes et en tire les bénéfices électoraux », souligne Vanik Berberian.
Services publics et dotations
Six des « mesures chocs » proposées par l’AMRF concernent les services publics dans les territoires ruraux : mobiliser plusieurs milliers de médecins pour couvrir les territoires les plus démunis, enjoindre les opérateurs de téléphonie à couvrir le territoire, amplifier et accélérer l’effort financier pour le très haut débit, obliger les opérateurs (privés) à s’engager dans les fonds des « maisons de services publics », favoriser les partenariats pour l’implication professionnelle et sociale des jeunes dans la vie de leurs communes rurales et stopper les fermetures d’écoles rurales par l’éducation nationale.
Quatre autres concernent l’organisation territoriale et la gestion des collectivités sauvegarde des dotations des collectivités, un moratoire sur les schémas de coopération intercommunale subis et non volontaires, modification des règles de représentativité pour assurer celle des communes rurales et instauration d’un statut de l’élu rural et de l’engagement citoyen en milieu rural.
Des mesures qui ont déjà été présentées à plusieurs reprises par l’AMRF.
Maires en porte-à-faux
« Le gouvernement nous ressort des plans pour la ruralité, pas financés, à six mois d’écart, comme si on n’avait pas déjà compris la première fois. Ils ne s’intéressent à la ruralité qu’à la veille des élections. On ne peut pas continuer à se lamenter sur les résultats et ne pas s’interroger sur les causes. Quand un électeur sur deux ne va pas voter c’est déjà un échec. Ce n’est pas un problème d’urbain ou rural, c’est un problème de démocratie », fulmine Vanik Berberian.
« Le vote sanction est un appel aux politiques à modifier leur manière d’être, de faire de la politique. Le discrédit de la classe politique est très grand, à chaque fois ils disent qu’ils ont entendu le message, rien ne change. Nous, les maires ruraux, nous sommes en porte-à-faux car nous sommes au contact des populations, et nous demandons une véritable considération pour les territoires ruraux », souligne-t-il.
Thèmes abordés