Ce n’est pas l’effondrement redouté, mais l’investissement va poursuivre sa baisse en 2015. Selon la Banque Postale, qui présentait, mardi 5 mai, sa note de conjoncture des finances locales pour 2015, l’investissement repasserait sous la barre symbolique des 50 milliards d’euros, à 48,9 milliards d’euros exactement, contre 57 milliards en 2013 – un record – et 52,8 milliards en 2014.
C’est donc 7,3 % de moins que l’an dernier (-3,9 milliards), moins que les craintes de l’Association des maires de France (AMF) qui retient habituellement un recul de 10 %. De plus, cette chute s’enraye puisqu’elle était l’an dernier de 8,6 %. Pour la Banque postale, les collectivités locales vont pouvoir limiter la casse cette année grâce aux actions rapidement mises en place après le choc provoqué par la baisse inédite des dotations de l’Etat de 1,5 milliard l’an dernier, puis de 3,67 milliards en 2015.
Levier fiscal activé
Le premier outil activé par les collectivités a bien été le levier fiscal. Selon les estimations de la banque, la hausse moyenne des taux d’impôts directs locaux est de 1,3 % en 2015. « L’augmentation est marquée mais modérée par rapport aux cycles précédents », admet Thomas Rougier, directeur des études secteur public local de la Banque Postale. Elle est tout de même de 1,6 % pour le bloc communal.
Ce levier fiscal n’est pourtant à l’origine que de 26 % de la hausse attendue des ressources fiscales des collectivités en 2015, à 128,9 milliards d’euros. « Le reste, c’est un effet d’assiette » remarque Thomas Rougier. Au total, les ressources fiscales des collectivités devraient augmenter de 3,5 milliards d’euros et leurs recettes de fonctionnement de 0,5 %.
Les dépenses de fonctionnement poursuivent quant à elles leur progression (+1,7 %), tirées par les dépenses de personnel (+2,4 %) et les versements des prestations sociales (+2,2%), mais compensées par la baisse des subventions – notamment au secteur culturel et sportif – ainsi que celles des charges d’emprunts (-3,6 %). En conséquence, « l’effet de ciseaux va se poursuivre » constate la Banque Postale.
Recul continu de l’épargne brute
Cette situation se traduit pour la quatrième année consécutive – du jamais vu – par une nouvelle baisse de l’épargne brute, de 5,4 % en 2015. Sur quatre ans, ce ratio essentiel pour la décision à l’investissement des collectivités, aura reculé de 16 %. Avec l’effet de cycle, respecté par le bloc communal, et la détérioration des capacités d’autofinancement des collectivités, « nous sommes dans une situation structurelle de croissance atone », analyse Thomas Rougier.
Seules les régions ont encore un pouvoir d’amortisseur avec certains investissements d’envergure qui agissent contre le cycle, notamment dans les transports, le numérique et la transition énergétique.
« Mais ni les actions des régions, ni l’activation du levier fiscal ni les mesures gouvernementales de soutien ne pourront compenser la dégradation de l’investissement ...
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