A la ville d’Evreux, l’élaboration du budget 2015 suscite de vives polémiques. En attendant le vote prévu le 16 février 2015, le débat d’orientation budgétaire, tenu le 19 janvier, a donné lieu à une passe d’arme entre majorité et opposition.
Guy Lefrand (UMP) prévoit, en effet, un budget de rigueur, justifié par une situation financière contrainte. “Avec la baisse des dotations, nous allons devoir nous passer de 1,2 million d’euros”, détaille-t-il.
En parallèle, les capacités d’autofinancement de la ville sont négatives (- 3,5 millions d’euros). Et pas question d’augmenter les impôts. « Je m’y suis engagé pendant ma campagne », rappelle l’édile ébroïcien.
La nouvelle majorité municipale veut retrouver des marges de manœuvre financières. Elle prévoit, entre autres, de réduire de 3 % l’enveloppe globale réservée aux subventions aux associations.
Mettre « un coup de pied dans la fourmilière »
« Il faut demander les efforts à ceux qui peuvent les faire, dénonce Timour Veyri, conseiller municipal socialiste d’opposition. Le tissu associatif, riche et fragile, va être pénalisé alors qu’il travaille à cultiver du lien social notamment dans les quartiers populaires. »
Au delà du seul conseil municipal, cette décision fait des vagues dans le landerneau local. Dans une lettre ouverte adressée à Guy Lefrand, une dizaine de directeur d’associations ou de structures culturelles alertent sur « les conséquences concrètes qu’engendreraient cette diminution massive ». La missive est signée, entre autres, par le directeur de la Scène Nationale Evreux Louviers (SNEL), une structure emblématique de l’agglomération dédié au théâtre. Le maire a annoncé vouloir réduire le soutien de la ville à hauteur de 25 %, soit un manque à gagner de 400 000 euros par an… « Il fallait procéder ainsi pour mettre un coup de pied dans la fourmilière », justifie Guy Lefrand aujourd’hui. « C’est du mépris et de l’arrogance », critique Timour Veyri.
Economies sur les missions administratives
En creux, le maire d’Evreux pointe du doigt les agents commerciaux qui seraient trop nombreux et pas suffisamment performants. L’édile voudrait mutualiser et rationaliser les services administratifs de plusieurs structures culturelles telles la SNEL, la future SMAC ou encore le Conservatoire. A cette occasion, il table sur la suppression d’une dizaine de postes.
« Je veux faire des économies sur les missions administratives pour dégager de nouvelles marges de manoeuvre à réinjecter dans l’offre culturelle », indique l’édile.
Une démarche que semble peu goûter Nicolas Mayer-Rossignol, président socialiste de la région Haute-Normandie.Notamment en ce qui concerne la SNEL et la baisse annoncée de sa subvention. « Cette décision pourrait mettre en péril le travail effectué depuis de nombreuses années », s’inquiète-t-il dans un courrier adressé au maire d’Evreux le 12 janvier 2015.
“Une démarche purement politique”, rétorque le maire tout en précisant que la diminution de la subvention devrait plutôt s’élever “à 200 000 euros”. Mais rien n’est encore acté, dans l’attente de la prochaine réunion du conseil municipal.
Cet article est en relation avec le dossier
Régions