« Une étape essentielle », se réjouit Yvon Robert, maire PS de Rouen. Ségolène Royal et Alain Vidalies, respectivement ministre de l’Ecologie et des Transports, ont donné, le 7 janvier, leur feu vert à la poursuite du projet de contournement routier à l’est de Rouen. Au grand bonheur de la grande majorité des élus du territoire. Toutes les collectivités locales dirigées par le PS – région, département, métropole, ville – applaudissent des deux mains.
« Pour la première fois, ce projet indispensable est reconnu d’intérêt national », insistent-elles dans un communiqué commun. Depuis plusieurs décennies, ce « serpent de mer » occupe la scène politique locale. Le gouvernement a finalement retenu le tracé dit de « la variante préférentielle », une option déjà en partie présentée lors d’un débat public en 2005. Le nouveau tronçon doit s’étendre sur 41 km et faire l’objet d’une concession à péage. A ce stade, le coût global du projet est évalué à 1 milliard d’euros. Et la déviation doit permettre de décongestionner l’agglomération rouennaise à hauteur de 20 à 30 000 véhicules par jour. « Elle vise à faire disparaître les poids lourds du centre-ville », ajoute le maire de Rouen. Depuis plusieurs années, la ville souffre en effet d’une importante pollution de l’air (particules fines), notamment en raison d’un trafic routier soutenu. Le contournement est aussi attendu par les milieux économiques, notamment portuaires, qui y voient un facteur majeur d’attractivité et de développement économique.
« Inutile et ruineux »
Droite et gauche confondues, tout le monde ou presque soutient cette réalisation. A l’exception notable des élus EELV qui n’ont eu de cesse de s’opposer à ce projet « inutile et ruineux ». « Un nouvel axe routier ne fait que créer du trafic supplémentaire et donc de la pollution », argumente Claude Taleb, secrétaire régional des Verts. Le vice-président à la Région plaide pour des investissements dans le domaine des transports collectifs ferroviaire et routier et pour un contournement par l’ouest de la ville. Au passage, il doute de la rentabilité financière du projet. Lors de la phase de concertation publique, le principe d’une subvention d’équilibre n’a en effet pas été écarté. « Tandis que les concessionnaires privés ont de plus en plus de mal à boucler leurs tours de table financiers », note-t-il. Malgré l’accord gouvernemental, il s’interroge sur la faisabilité du projet et annonce que les écologistes se battront jusqu’au bout. « Dans les collectivités où nous sommes élus, nous nous opposerons au versement du moindre centime d’argent public. »
Dans cette bataille, l’élu pourra compter sur le soutien de plusieurs associations environnementales, telle l’association Haute-Normandie Nature Environnement (HNNE). « C’est un long combat qui commence », prévient Philippe Morgoun, son président. Il s’attend déjà à « une contestation d’ampleur ». De leur côté, les maires de 17 communes, opposés au tracé, se sont constitués en collectif.
De là à envisager un nouveau « Notre-Dame-des-Landes » ? Le maire de Rouen n’y croit pas. « Une majorité de Rouennais veut ce contournement », rassure l’édile, se félicitant au passage que le processus administratif et technique se poursuive. La validation gouvernementale ouvre en effet la voie à la préparation du dossier d’enquête publique. Cette dernière doit se dérouler en 2016. Selon les dernières prévisions, l’ouvrage pourrait être accessible au public en 2024.
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