A priori, celui qui ose contester ouvertement les choix de Manuel Valls risque gros. L’éviction d’Arnaud Montebourg et Benoît Hamon du gouvernement laisse à penser que les ministres restants ont désormais le doigt sur la couture du pantalon. Par conséquent, il est à craindre que les élus du Comité de finances locales, invités le 11 septembre à rencontrer Marylise Lebranchu, Christian Eckert et André Vallini pour arracher un aménagement de la baisse des 11 milliards d’euros, n’obtiennent rien.
Et pourtant. Sous certaines conditions, l’airain Valls peut s’assouplir. Il l’a montré avec les conseils généraux et donne maintenant à penser, devant les élus socialistes et républicains réunis à La Rochelle, qu’il a entendu les élus locaux, inquiets des conséquences économiques de la baisse des dotations sur leur territoire. Dans son discours, il leur a concédé « des mesures de soutien à l’investissement local » qui « seront précisées dans les prochaines semaines », en contrepartie des efforts financiers à venir.
Marges de manoeuvre – Cette annonce montre surtout qu’il existe bel et bien des marges de manœuvre. Ce ne sera certainement pas suffisant pour rasséréner les membres du CFL le 11 septembre prochain. Le Premier ministre ne s’est en effet engagé sur rien de précis : « Quels soutiens à l’investissement le gouvernement peut-il bien accorder quand il n’y a plus d’argent ? », grince un conseiller d’une association d’élus.
Philippe Laurent, maire UDI de Sceaux (Hauts-de-Seine) est plus vindicatif : « Le Premier ministre encourage les collectivités à maintenir leurs investissements en s’endettant davantage. La mécanique infernale est bien confirmée : l’Etat transfère sa dette aux collectivités locales, tout en les accusant de mauvaise gestion ». En conséquence, l’édile, également président de la commission des finances de l’Association des maires de France (AMF), réclame toujours « un retour franc et massif sur la baisse inique des transferts financiers de l’Etat ». Qui, du gouvernement ou des élus locaux, se montrera le plus inflexible ?