Bernard Cazeneuve, ministre de l’Intérieur
« Certains incitent le gouvernement à prendre son temps. Il faudrait des études supplémentaires et des concertations multiples. Il faudrait des symposiums, des états généraux, des concertations longues et des Grenelle à répétition… Le gouvernement a décidé de ne pas attendre davantage.
La puissance publique, qu’elle soit locale ou d’État, se trouve dans une sorte d’aporie, ce qui cause une crainte sourde. Cette crainte de la relégation, nous devons l’avoir à l’esprit comme une exigence, comme une question sérieuse et lancinante à laquelle nous nous devons d’apporter une réponse. Et tel est précisément l’objectif de la réforme territoriale dans laquelle nous sommes engagés. »
Carlos Da Silva (PS)
« En cette période de crise et de transformation du monde qui appelle d’immenses réformes, il est légitime que les élus commencent par se réformer eux-mêmes.
Le découpage actuel des régions, réalisé par décret il y a plus de quarante ans, avait déjà suscité des mécontentements. Aujourd’hui, c’est le Parlement qui débat, et c’est une avancée démocratique suffisamment importante pour être soulignée. »
Hervé Gaymard (UMP)
« Ce qui fait la force de l’économie allemande, ce ne sont pas les budgets des Länder, c’est tout simplement le fait que, depuis un siècle et demi, les petites et moyennes entreprises industrielles sont soutenues par un tissu bancaire local, à travers les Kreissparkassen et les Raiffeisen ! Cessons de croire que la taille du budget des régions aurait une incidence sur l’activité économique et l’emploi : c’est une sorte de jacobinisme décentralisateur qui est forclos. »
Alain Tourret (PRG)
« Comme toujours se tient le débat entre les Anciens et les Modernes, et il faut avoir bien du courage, monsieur le ministre, pour affronter le syndicat des barons locaux, tous plus conservateurs les uns que les autres !
C’est donc toute la carte des territoires qu’il faut revoir, tant elle est devenue obsolète, source d’impuissance, d’inertie et d’immobilisme. Les collectivités territoriales se sont empilées les unes sur les autres, toujours plus, jusqu’à l’absurde, créant des doublons et des surcoûts, les collectivités territoriales ayant même refusé jusqu’au principe de la révision générale des politiques publiques.
Aujourd’hui, c’est un peu la nuit du 4 août, la fin des privilèges locaux, un nouveau souffle pour la France. »
Marion Maréchal-le Pen (FN)
« Cette réforme répond à la recommandation faite par le Conseil européen à l’État français au mois de juin 2013. Le gouvernement se fait ainsi le complice docile du projet politique de régionalisation de l’Union européenne visant à favoriser l’application des politiques communautaires. La fascination infantile du gouvernement pour l’Allemagne le pousse à singer un modèle fédéral inadapté à l’État-nation français.
Vous projetez de transformer le département en simple échelon de déconcentration administrative tout en supprimant l’assemblée délibérante dont vous avez pourtant modifié le mode de scrutin il y a un an à peine. Votre inconséquence marquera certainement l’Histoire de la Ve République. »
Laurent Wauquiez (UMP)
« Rien n’est plus beau, dans l’histoire de la IIIe République, que le moment où toutes les communes de France se sont couvertes d’écoles. La République était partout, elle faisait preuve d’attention pour chacun de ses territoires et avait même une vigilance accrue pour la ruralité, la montagne et ses petites communes, tout simplement parce qu’elle refusait de s’inscrire dans une simple logique arithmétique. C’est cette ruralité que vous trahissez aujourd’hui avec votre carte des grandes régions.
Vous avez, dans le même temps, fondu la plupart de nos petites communes dans de grands ensembles, afin qu’elles ne pèsent plus. Vous l’avez fait conformément à un plan politique conçu pour donner plus d’importance aux territoires urbains, dont vous pensez qu’ils vous sont plus favorables, conformément aux idées de fondations proches de vous telle que Terra Nova, qui avait très clairement esquissé ce plan politique. »
Charles de Courson (UDI)
« Pour ce qui concerne le bloc communal, la grande réforme consisterait à ériger les intercommunalités en collectivités territoriales, à transformer les communes en sections de l’intercommunalité, avec sectionnement électoral et compétence générale de l’intercommunalité qui pourrait déléguer aux sections communales, lesquelles garderaient leur maire ainsi qu’un conseil municipal probablement plus réduit. »
Jean-Luc Laurent (MRC)
« À mes yeux, il ne doit pas y avoir de droit d’option ou de droit de choisir. Le cartographe en chef, c’est le Parlement. Les collectivités territoriales, régions, départements, peuvent tout au plus exprimer des souhaits ou faire des demandes, mais c’est à la loi de définir l’organisation territoriale de la République, dans le dialogue. »
Yannick Moreau (UMP)
« Vous vendez nos provinces, nos identités, nos cultures, nos enracinements au plus offrant… Sans clause générale de compétence, la Vendée n’aurait pas pu conserver le Vendée Globe, son fleuron économique et sportif, le TGV ne pourrait pas passer aux Sables-d’Olonne et elle n’aurait pas deux autoroutes, et bientôt trois. »
Marie-François Bechtel (MRC)
« Il faut veiller à éviter l’instauration d’un système pyramidal, dans lequel la région avalée par une région plus grande, tel Jonas par la baleine, se perdrait avec tout le ressentiment qui pourrait gagner ses élus, voire ses populations déjà très sensibles à leur état de relégation. Je proposerai pour ma part, mais c’est un autre débat, que la région nouvelle répartisse avec le plus d’harmonie possible ses services entre ses villes principales. Ce n’est pas parce que Lille devient la métropole de la Picardie qu’elle doit nécessairement concentrer tous les services régionaux, surtout avec les nouvelles compétences qui seront les siennes. »
Cet article est en relation avec le dossier
Thèmes abordés