Le gouvernement et les élus locaux alsaciens poursuivent leur entreprise de lobbying pour défendre le statut de ville européenne de Strasbourg, sérieusement menacé par ceux qui, au sein de l’Union européenne, souhaitent rassembler l’ensemble des institutions européennes à Bruxelles. Noëlle Lenoir, ministre déléguée aux Affaires européennes, a présenté le 5 juin les propositions formulées, lors de sa deuxième réunion, par le comité de pilotage « Strasbourg, Ville européenne », non sans s’être félicitée, au préalable, du rétablissement de la onzième session du Parlement européen en mai 2004, un temps supprimée. La portée symbolique de cette session est loin d’être négligeable dans la mesure où c’est la première fois que seront accueillis les parlementaires des dix nouveaux pays membres de l’Union.
Les propositions du comité de pilotage définissent les actions prioritaires à mettre en œuvre dans le cadre du contrat triennal liant l’Etat aux principales collectivités locales alsaciennes, et que devrait signer prochainement le Premier ministre, en portant les crédits de l’Etat à 47,53 millions d’euros.
Trois axes sont privilégiés : l’accessibilité de la capitale alsacienne depuis toute l’Europe, sa dimension culturelle et universitaire, la coopération transfrontalière.
Pour le premier, le comité de pilotage propose d’appuyer l’interconnexion des réseaux ferrés à grande vitesse français et allemand et permettre l’interopérabilité des trains d’ici 2007. D’ici un mois, Noëlle Lenoir fera établir un audit précis des horaires et des conditions de transport entre Strasbourg et les principales capitales européennes, avant de lancer des appels d’offre pour les obligations de service public aux compagnies aériennes. Côté culture et éducation, le comité de pilotage propose de doter Strasbourg d’un pôle européen d’études administratives en s’appuyant sur les structures déjà existantes (ENA, INET…), et de renforcer les missions de la bibliothèque nationale universitaire de Strasbourg « pour en faire un véritable pôle européen de connaissance ». Enfin, la constitution de l’Eurodistrict Strasbourg-Khel, qui devrait englober 1 million d’habitants (lire la Gazette du 27 janvier 2003, p. 10) recevra un « soutien total » des Etats allemand et français, qui évoqueront le sujet lors de leurs prochains sommets. Pour Noëlle Lenoir, il s’agit de créer une « véritable intercommunalité européenne ». Reste à savoir quels crédits seront consacrés à cette opération, notamment pour l’achèvement de la liaison TGV entre Paris et Strasbourg.
Romain Mazon
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