La « nécessité » de réduire de façon drastique la dépense publique compte, au sein de la rédaction de « La Gazette », ses partisans et ses adversaires. Et ce n’est sûrement pas la conférence de presse de François Hollande du 14 janvier qui aura permis de clore ce débat ! En annonçant une nouvelle organisation territoriale, comprenant la diminution du nombre de régions, en vue de maîtriser la dépense publique, le Président concrétise un peu plus les objectifs qu’il évoquait lors de ses vœux du 7 janvier : diminuer la dépense, donc, « avec les collectivités locales », en affirmant que « nous pouvons faire mieux en dépensant moins ».
Mantra – Certes, l’Etat et les collectivités doivent avoir le souci permanent du juste usage des fonds publics. Certes, il faut lutter contre la gabegie. Certes, les responsables publics, élus et fonctionnaires, ont le devoir d’une remise en cause constante de leurs politiques, afin de les ajuster aux besoins et aux capacités du pays et des territoires. Mais en faisant de la baisse de la dépense publique son mantra pour redresser les comptes, ce gouvernement, de plus en plus proche sur ce point du précédent, donne l’impression d’avoir la mémoire bien courte. Car d’où vient l’état de nos finances publiques sinon, en grande partie, des conséquences de la crise depuis 2008 ? Et que sont devenues les analyses d’alors, consensuelles, qui démontraient les dégâts causés par la spéculation et la fraude ?
La bonne cible – Nous souvenons-nous que, en mars 2007, le conseil des prélèvements obligatoires estimait la fraude fiscale et sociale entre 29,1 et 40,2 milliards d’euros, donc aux alentours du chiffre du déficit budgétaire de l’Etat à cette date (36,2 milliards) ? Soit entre 1,7 % et 2,3 % du PIB ! La récupération de cet argent ramènerait la France en dessous de l’objectif des 3 % de Maastricht. Qu’ont entrepris les pouvoirs publics en la matière ?
En a-t-on fait assez, après que la commission d’enquête du Sénat a estimé, en juillet 2013, à 50 milliards d’euros par an le coût de l’évasion fiscale pour le budget de la France ? C’est-à-dire le montant du remboursement des intérêts de la dette… Sur ce point, l’annonce du « retour » de 11 000 évadés fiscaux est un signe encourageant.
Les comptes publics seraient-ils analysés à cette même aune si le gouvernement décidait d’œuvrer plus fermement encore au rapatriement des 590 milliards d’euros d’avoirs français dissimulés dans les paradis fiscaux, ainsi que l’a établi le journaliste Antoine Peillon dans son ouvrage « Ces 600 milliards qui manquent à la France » (Seuil) ?
Alors oui, les responsables publics ont le devoir de la bonne gestion des deniers publics, mais diminuer la dépense publique pour lutter contre les déficits est-il le seul levier à actionner ?
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