Le Var est un département en pleine expansion – il accueille 15 000 nouveaux habitants par an. Pourtant seules 5000 nouveaux logements sont construits chaque année, alors qu’il en faudrait 8000. De plus les 3500 logements sociaux attribués chaque année sont une goutte d’eau au regard des 25 000 demandes en attente.
Les particularités géographiques expliquent une partie du retard : les prix du foncier sur le littoral sont prohibitifs, la topographie des lieux rend de nombreuses zones inconstructibles. « Il n’y a pas eu d’effort d’anticipation des élus locaux sur l’évolution de leur territoire et ses besoins », note cependant Laurent Cayrel, le préfet du Var. Ainsi 17 communes n’ont aucun logement social, et 73% ont un pourcentage inférieur à 5%, sur 153 communes.
Une charte, trois axes – Une charte pour la relance du logement social devrait être prochainement signée, autour de trois axes : le foncier, la baisse des coûts de production, et la fluidité des parcours résidentiels.
« Sur le golfe de Saint-Tropez, les prix atteignent 600 euros le m2, alors qu’on est à 250 euros en zone rurale : les élus sont désemparés. Nous avons déjà identifié un terrain à Toulon qui devrait permettre la construction de 150 logements sociaux. Nous avons aussi identifié une dizaine de logements vacants sur Toulon et Hyères, qui devraient aussi permettre la construction de 150 logements », détaille le préfet.
Mais à l’Association régionale HLM de Paca, on remarque que les terrains publics disponibles sont rares sur le territoire. La charte foncière qui devrait être signée pourrait être plus productive : il s’agit d’optimiser la constructibilité des terrains, et de prévoir des emplacements réservés au logement social, via les servitudes de mixité sociale, dans les plans locaux d’urbanisme.
L’établissement public foncier régional est aussi actif sur le sujet, et priorise ses actions en direction des communes qui sont en constat de carence par rapport à la loi SRU. Ainsi six terrains ont été préemptés sur le Golfe de Saint-Tropez pour, à terme, la construction de 172 logements. Certaines communes comme Sanary-sur Mer utilisent déjà les mécanismes de type baux emphytéotiques afin de faciliter les projets de construction.
Coûts de construction hors-normes – Sur les coûts de construction aussi, le département est hors-norme : il est l’un des plus chers de France – leur montant est supérieur de 24% à ceux pratiqués en région Midi-Pyrénées, et de 12% à ceux de Rhône-Alpes.
« Les surcoûts tiennent surtout au marché au fait qu’il existe une demande solvable à un très haut niveau de prix », analyse Laurent Cayrel. Les différents acteurs concernés – architectes, bailleurs, promoteurs vont travailler à un référentiel des coûts en terme de développement durable. Grâce à une standardisation des prestations des uns et des autres, il s’agit d’obtenir des coûts acceptables pour l’équilibre des opérations.
« Les élus locaux ont bien pris conscience que le développement économique de leur territoire est bloqué faute de logements sociaux suffisants. La volonté de faire est là, il va maintenant falloir passer aux actes», conclut Laurent Cayrel.