La directive sur la libéralisation des services sera bel et bien amendée par la Commission européenne avant même d’avoir été adoptée. Ainsi en a finalement décidé, le 2 février, José Manuel Durao Barroso. Pressé par Paris et Berlin – qui exigeaient expressément « une remise à plat » du texte initial -, le président de la Commission européenne s’est résolu à faire machine arrière, le jour même où il présentait sa stratégie pour la croissance et l’emploi pour 2010. « L’objectif de la directive est maintenu » a néanmoins précisé Manuel Durao Barroso « car le potentiel de croissance » induit par ce texte « est extraordinaire »
et notamment pour la France, premier exportateur de services en Europe.
Pour autant, la directive « telle qu’elle a été proposée par la précédente Commission aurait des difficultés politique pour être adoptée » a reconnu le président. La fronde grondait depuis plusieurs mois contre ce projet de directive présenté en catimini en janvier 2004 par le très libéral Frits Bolkestein. Principal grief : le texte prévoit que les entreprises offrant des services dans plusieurs Etats membre pourront désormais appliquer la législation en vigueur dans le pays d’origine. Les opposants craignent ainsi un véritable dumping social organisé à l’échelon européen. Sans parler des contradictions relevées par de nombreux spécialistes entre la directive et l’avenir des services publics (les services d’intérêt économique général dans le jargon européen) alors que Bruxelles prévoit de rendre public cet été une communication spécifique sur les services sociaux d’intérêt général. Deux domaines ultra sensibles pour lesquels José Manuel Durao Barroso a donc promis de faire un geste afin d’obtenir « un compromis acceptable par tous ».
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