L’Observatoire national de la délinquance (OND) a rendu public, le 2 mars, son premier rapport. annuel Cette instance avait été créée en novembre 2002 par Nicolas Sarkozy pour « rendre plus crédibles les statistiques de la criminalité ». Le président de l’Observatoire, Alain Bauer, a précisé qu’il s’agissait de « rendre lisible et comparable la nature même de la statistique criminelle ». L’OND souhaite ainsi que « tout » soit comptabilisé: « ce qui est révélé, ce qui n’est ni déclaré, ni constaté, ni pris en compte par les services », a résumé Alain Bauer, tels que les faits consignés dans les « mains courantes » sans avoir fait l’objet de plaintes. Ce rapport souligne, en l’état, « l’impossibilité d’une connaissance totale » du phénomène et critique les outils actuels de sa mesure. Le principal à ce jour (la statistique annuelle établie par la police et la gendarmerie appelé « état 4001 ») est « ancien, complexe, partiel, parcellaire, partial parfois », a estimé Alain Bauer. Et de déplorer que l’on sache (presque) tout des faits de crimes et délits, mais que l’on ignore tout des victimes. Quant aux chiffres bruts: « si une année, il y a 400.000 cambriolages de moins, mais 200.000 actes de violence de plus, il y aura une baisse importante de la délinquance totale, mais une explosion de violence insupportable », a-t-il expliqué. Violence « dont le rythme de hausse s’est réduit, mais qui reste à un niveau élevé »: elle a crû de « 72% en huit ans (de 1996 à 2004), rapidement de 1999 à 2001, puis s’est ralentie de 2002 à 2004 », selon lui.
L’une des dix « préconisations » phares de l’OND consiste à réaliser chaque année une « enquête de victimation » pour révéler « la face cachée » de la délinquance et avoir une « visibilité forte du réel subi par les personnes tel qu’elles le ressentent », a souhaité Alain Bauer.La première « grande enquête » de ce genre aura lieu en 2006. L’OND préconise également qu’un « numéro unique » entre police, gendarmerie, justice, soit attribué à chaque plainte pour qu’on « puisse suivre sa trace » sans se heurter à des différences de nomenclature qui rendent impossible « aux victimes, aux avocats, aux auteurs » d’en connaître la destinée. La création « par le ministère de l’Intérieur d’une définition précise » des violences urbaines, l’extension au secteur privé de l’enquête de l’Education nationale sur les signalements de violences et la mention systématique de l’âge et de sexe des victimes « pour mieux appréhender les infractions les plus couramment commises sur les femmes et les mineurs » sont aussi proposées.
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