Dans notre position de média observateur de la décision publique et des politiques publiques, nous chroniquons l’évolution de l’open data dans les administrations, de l’Etat et des collectivités territoriales.
Mais nous en sommes aussi des utilisateurs, à travers la pratique du datajournalisme. En nous servant des données publiques ouvertes pour construire nos enquêtes, nous enrichissons notre expertise de l’action publique : grâce au croisement des données, nous renouvelons nos questionnements, et nous approfondissons de manière considérable nos capacités d’investigations.
Les nouveaux outils du web nous permettent ensuite de rendre compte à nos lecteurs de ce travail d’interrogation des données, dans un environnement interactif qui permet de rendre accessible et compréhensible le sujet le plus complexe (c’est du moins l’intention).
C’est ce que nous avons fait avec notre dernière application, réalisée par le Club Finances de la Gazette. Plusieurs dispositifs de péréquation horizontale, façon Robin des bois, ont été créés au cours des dernières années. Contrairement à la péréquation verticale, opérée par les dotations allouées par l’Etat, ces mécanismes prélèvent des ressources aux collectivités considérées comme riches, pour les verser aux collectivités considérées comme pauvres.
Mais l’objectif est-il bien atteint ? C’est la question, politiquement très sensible, que nous avons voulu poser. Pour ce faire, un seul moyen, l’exploration et le croisement des données.
Lire aussi :
- « A qui profite les péréquations ? » Une application interactive révèle les montants versés ou perçus par territoires
- Les flux de la péréquation horizontale au crible des experts
Rendre les données réutilisables – Nous partions optimistes, puisque nous avions vu cet outil en ligne de la DGCL. Les données existaient donc. Ce qui ne voulait pas dire qu’elles étaient publiables, et encore moins réutilisables.
Bien sûr, nous aurions pu scrapper la base… Nous avons finalement acheté le CD-ROM de la « base DGF » édité par la DGCL.
Surprise à la réception : il s’agit bien d’une base, sauf que le CD-ROM ne contient en réalité que les fiches de chaque collectivité… au format PDF. Idem pour les données du FSRIF, mentionnées dans une circulaire elle aussi disponible au seul format PDF.
Bref, par un tour de passe-passe trop long à raconter ici, nous avons pu fournir les données à notre chef de projet Marie Coussin, dans un format réutilisable.
Le travail sur les données n’était cependant pas encore terminé, puisque Marie a dû agréger les données de chaque commune appartenant au même EPCI, identifier les communes isolées, et résoudre les joyeusetés que connaissent bien tous ceux qui travaillent sur des fichiers contenant des noms propres, avec les différences d’orthographe ou d’accentuation.
Trouver une visualisation performante – Pour rendre ces données accessibles, et parlantes pour les hypothèses que nous cherchions à vérifier, nous avons demandé à notre développeur, James Lafa (AngryKatze), de s’inspirer d’une visualisation que nous avions repérée sur le New York Times, utilisé à l’occasion des élections américaines.
Le résultat, c’est donc cette application, qui permet à nos lecteurs de mesurer territoire par territoire, et en les comparant entre eux, les effets des mécanismes de péréquation.
Ouvrir les données, et le code – Mais pour aller au bout de notre démarche de datajournalistes, d’observateurs et de réutilisateurs des données publiques, nous avons pris la décision, en accord avec Marie Coussin et James Lafa, d’ouvrir la base de données que nous avons ainsi constitué (et que les pouvoirs publics, jusque-là, ne fournissent pas), ainsi que le code source de l’application.
Nous espérons ainsi que des journalistes se saisiront des données pour analyser d’autres aspects des finances locales, et que des développeurs (ou des journalistes) s’appuieront sur les innovations apportées par notre développeur pour imaginer des visualisations toujours plus efficaces.
Les données, le code, et toutes informations utiles sont accessibles sur cette page
« A qui profite la péréquation ? » : l’équipe
- Marion Boucharlat : webdesign
- Marie Coussin : chef de projet, datajournaliste
- James Lafa : développeur
- Romain Mazon : rédacteur en chef web
- Jacques Paquier : rédacteur en chef délégué, Club Finances
- Raphaël Richard : journaliste, Club Finances
Cet article est en relation avec le dossier
Thèmes abordés