Une cession « qui ne se fera pas en catimini », assure Daniel Mangione, le président de l’Association des clients et usagers du Crédit municipal de Dijon. L’ACU-CMD dénonce la décision du conseil municipal et « le mur du silence » bâti par François Rebsamen.
Rendre des comptes sur les 66 millions de fonds propres – « Malgré de nombreuses demandes, le maire (également président de l’établissement bancaire, ndlr) refuse de recevoir l’association des usagers », indique ainsi Daniel Mangione.
Il appelle François Rebsamen, notamment, à rendre des comptes sur les « 66 millions d’euros de fonds propres » qui seront dégagés une fois la « liquidation » prononcée.
« Ce capital public, issu d’un travail social, doit servir aux actions sociales et de solidarité », estime-t-il.
Un appel à résilier les comptes – L’ACU-CMD, aujourd’hui, a décidé de déclarer la guerre à la ville en engageant les 12 000 clients du Crédit municipal de Dijon à transférer leurs comptes et placements auprès du Crédit mutuel.
Elle a négocié avec l’établissement bancaire « une convention offrant diverses mesures très avantageuses », indique Daniel Mangione.
De quoi fragiliser un projet de reprise que la ville défend comme seul capable de maintenir, grâce à la force d’un réseau qui couvrira 80 % du territoire national, la mission de service public assurée par le CMD (l’intervention auprès des publics en difficulté par le biais du microcrédit personnel par exemple).
Les repreneurs doivent en outre gérer la grogne sociale. Depuis 2011, une quarantaine d’emplois (sur les 128 au départ au CMD) ont été supprimés, alors que les Crédits municipaux de Bordeaux et Lyon ne s’engagent qu’à reprendre une partie du personnel commercial.
Les agents titulaires « feront l’objet d’une mise à disposition pour une durée de deux années au bénéfice du Crédit municipal de Bordeaux ou du Crédit municipal de Lyon » ; « à l’issue de cette période de deux ans, l’agent pourra faire l’objet d’une mutation vers les Crédits municipaux de Bordeaux et Lyon », indique la délibération adoptée en conseil municipal en décembre dernier.
« Un risque financier » pour la ville (CRC) – Le Crédit municipal de Dijon est implanté dans neuf villes, à Dijon, Nevers, Auxerre, Mâcon, Chalon-sur-Saône, Orléans, Bourges, Clermont-Ferrand, Belfort et Besançon.
En difficulté, il a été placé en 2009 sous procédure disciplinaire, par la commission bancaire. Ses comptes se sont, depuis 2004, fortement dégradés : l’encours des prêts a reculé de 40 millions d’euros (pour s’établir à 151 millions en 2010) tandis que le chiffre d’affaires est passé sur la même période de 11,5 à 8,9 millions d’euros, selon un rapport de la chambre régionale des comptes rendu public en février 2012.
« Le contexte économique général, la baisse des taux interbancaires ainsi que l’arrivée de concurrents majeurs sur le marché du crédit à la consommation », expliquent, selon la CRC, cette tendance lourde « qui fait peser un risque financier à la ville ».
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