Quel regard portez vous sur le projet de loi en préparation sur la décentralisation ?
Il y a un manque inquiétant d’anticipation. La méthode proposée par le gouvernement s’inspire de la recherche de coopération par les outils consensuels démocrates-chrétiens que nous connaissons dans l’ouest.
Mais elle ne fonctionne plus dans une société marquée par des relations de plus en plus conflictuelles.
On a pourtant beaucoup vanté le modèle breton d’organisation territoriale…
Il s’inspire d’un modèle de cogestion à l’allemande qui pouvait être pensé comme une alternative au modèle français fondée sur la conflictualité des rapports sociaux.
Mais il ne semble pas exportable au niveau national. A cette échelle, cette méthode de recherche du consensus cristallise les intérêts corporatistes. Il est à cet égard surprenant de constater que le projet de Marylise Lebranchu renonce à la décentralisation par le haut, et privilégie une forme de saupoudrage avec de nouvelles strates administratives.
Et, contrairement à d’autres collectivités, comme l’Alsace, la Bretagne ne semble pas vouloir se saisir de l’opportunité d’une expérimentation, sans doute par loyalisme partisan à l’égard du gouvernement.
Il faut aussi compter avec l’influence départementaliste, et le rôle joué par le président de l’Assemblée des départements de France, Claudy Lebreton, président du conseil général des Côtes d’Armor.
Vous avez récemment suggéré de créer une collectivité territoriale unique en Bretagne. De quoi s’agit-il ?
La fusion du conseil régional avec les quatre conseils généraux donnerait naissance à une collectivité dotée d’une assemblée territoriale et d’un gouvernement exécutif dont les sièges pourraient se situer dans des villes différentes afin de limiter les risques de centralisation régionale.
Elle serait dotée d’un budget de 6 ou 7 milliards d’euros et permettrait de mieux coordonner les politiques régionale et départementale.
Cette hypothèse pourrait faire l’objet d’un vrai débat pour les élections régionales de 2015. Il serait souhaitable qu’une association citoyenne s’empare de cette question.
Il faudra également convaincre les grands leaders des agglomérations bretonnes de la nécessité d’une région forte. La Bretagne pourrait être un laboratoire sur toutes ces questions.
Encore faut-il qu’elle s’en empare.
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