A droite comme à gauche, les réactions sont vives à Marseille après la décision du gouvernement de faire passer en force la création de la métropole Aix-Marseille-Provence intégrant 90 communes, 2 millions d’habitants et 17.000 fonctionnaires.
« Nous avons eu le droit à une parodie de concertation », dénoncent les 107 maires et 8 présidents d’intercommunalités opposés au projet. « Ce passage en force est une insulte à la démocratie locale justifiant une entrée en guerre » », ajoutent-ils dans un communiqué.
Ils ont décidé de boycotter définitivement les invitations de la ministre de la décentralisation et ont demandé l’arbitrage du président de la République.
Nombreuses interrogations – Le député socialiste Jean-Pierre Maggi, maire de Velaux, a appelé ses confrères à voter contre cette loi. « Il faut la reporter pour susciter l’émergence d’une coopération métropolitaine portée par les élus dans une logique de solidarité avec Marseille », estime-t-il.
Après avoir rencontré tour à tour la ministre en février, les 107 irréductibles ont dressé il y a quelques jours un bilan très critique concernant l’avancée concrète du projet gouvernemental.
« Quelles seront les compétences assurées par les conseils de territoire censés jouer la proximité ? Qui gèrera les contrats de DSP d’eau et d’assainissement si ces compétences ne sont ni transférées à la métropole, ni restituées aux communes ? A qui reviendra la charge de lever l’impôt ? Quel sera le sort du personnel en doublons dans les services généraux ? Quel sera le rôle de la conférence métropolitaine voulue par le gouvernement ? A toutes ces questions et à bien d’autres, la ministre n’a apporté aucune réponse concrète. Elle nous indiquait même que le temps résorbera les problèmes ! C’est inacceptable », résume un élu.
Bataille constitutionnelle ? – De son côté, la droite pro-métropole a également fustigé le gouvernement. Dans un communiqué co-signé par le secrétaire départemental UMP, Bruno Gilles, et les présidents de groupe UMP au conseil général des Bouches-du-Rhône, à la ville de Marseille et à la communauté urbaine Marseille Provence Métropole, ils dénoncent « une usine à gaz pour Marseille ».
« D’un côté, le gouvernement est capable d’investir des sommes colossales pour Paris, de l’autre il conçoit une métropole technocratique, morcelée en multiples strates administratives qui ne cessent de se renforcer au gré des versions successives du texte, sans moyens supplémentaire. C’est une mascarade ! », dénoncent-ils.
Le texte proposé pour Marseille en est à sa huitième version. « On s’achemine vers un combat constitutionnel. Le sénat risque aussi de rebasculer », menace un élu.
Références
Thèmes abordés
Régions