Les financements publics destinés à l’outre-mer français ignorent généralement la préservation de l’environnement et de la biodiversité, déplore l’Union mondiale pour la nature (UICN) dans un rapport publié le 11 janvier.
Dans cette étude, menée sur deux ans dans les territoires et départements français d’Outre-mer, l’UICN pointe notamment du doigt les projets d’infrastructures ou de développement économique, les activités minières par exemple, menés au détriment de la préservation du patrimoine naturel.
« La protection et la gestion du patrimoine naturel sont peu traités dans les dispositifs financiers et fiscaux applicables aux collectivités d’outre-mer », regrette l’UICN.
L’organisation note pourtant que ces territoires et départements reçoivent d’importants concours financiers publics, de l’Etat et de l’Union européenne, ainsi que de nombreux avantages fiscaux.
« La contribution européenne aux départements d’outre-mer s’est élevée à 3,6 milliards d’euros sur la période 2000-2006 », explique Jean-Philippe Palasi, représentant de l’UICN chargé des DOM-TOM auprès de la Commission à Bruxelles.
« L’argent est là, mais derrière quelques projets de réserves et de parcs naturels, il n’y a pas de vraie mobilisation en faveur du patrimoine naturel », regrette-t-il. L’absence quasi-totale d’infrastructure de retraitement des déchets et des eaux usées, directement versées dans la mer en certains endroits de Nouvelle-Calédonie, de Polynésie ou de Mayotte, liés à une croissance démographique rapide, affecte durablement l’environnement et les écosystèmes, estime Jean-Philippe Palasi. « Or les eaux usées endommagent considérablement les coraux déjà affectés par le changement climatique », relève-t-il en citant également les rejets toxiques des produits chimiques utilisés dans l’industrie minière.
Selon le rapport, l’effort budgétaire global de l’Etat en 2004 en faveur de l’outre-mer a atteint 9,3 milliards d’euros, dont la part du ministère de l’Ecologie n’a représenté que 6 millions, soit 0,0063% de son budget.
Le budget du ministère de l’Ecologie pèse entre 0,3 à 0,4% du budget total de l’Etat. L’UICN cite enfin l’Organisation de coopération et de développement en Europe (OCDE), qui signalait en 2005 la « disproportion entre la richesse exceptionnelle de la biodiversité de l’outre-mer et les moyens scientifiques, budgétaires et institutionnels pour assurer sa conservation ».
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