Ce nouveau document de travail ne préjuge en rien du texte que le gouvernement est en train de finaliser et qui sera transmis ensuite au Conseil d’Etat. Les associations d’élus seront reçues par Marylise Lebranchu courant janvier pour d’ultimes échanges.
La version définitive du projet de loi sera présentée en conseil des ministres en mars pour une première lecture au Sénat en avril. Le gouvernement table sur une première lecture Sénat-Assemblée nationale en juin. Puis, sur une deuxième lecture à l’automne et une adoption fin 2013.
Gouvernance : flou sur la composition des instances – La crĂ©ation du « Haut conseil des territoires », conçu comme une instance de « dialogue permanent » entre l’Etat et les collectivitĂ©s, est confirmĂ©e mais sa composition – qui suscite des tensions entre les associations de maires – n’est pas prĂ©cisĂ©e.
La création des « conférences territoriales de l’action publique », dans chaque région, est également confirmée. Mais la présidence de cette instance, qui était dévolue au président du conseil régional dans l’avant-projet de loi, n’est plus mentionnée dans le document de travail. Lequel précise que la conférence « adoptera dans un délai d’un an après la promulgation de la loi le pacte de gouvernance territoriale, qui coordonne l’exercice des compétences entre les différentes catégories de collectivités », une disposition qui ne figurait pas dans l’avant-projet de loi.
CompĂ©tences : plusieurs Ă©volutions – Le document de travail confirme que « la clause de compĂ©tence gĂ©nĂ©rale des dĂ©partements et des rĂ©gions sera restaurĂ©e ». Les principaux transferts de compĂ©tences prĂ©vus par l’avant-projet de loi sont Ă©galement confirmĂ©s. Cependant, le document comporte certaines Ă©volutions.
-Ainsi, dans le domaine de l’urbanisme, il indique sobrement que « la compétence PLU sera transférée aux communautés de communes et aux communautés d’agglomération », alors que l’avant-projet de loi proposait un seuil démographique (avec deux options à 20 000 ou 30 000 habitants) déclenchant ce transfert aux communautés de communes.
-Le document ne mentionne plus le transfert à la région de la responsabilité des plans de gestion des déchets que les départements pourraient conserver. Il ne mentionne pas non plus la création dans chaque région d’un « syndicat régional des transports », prévue par l’avant-projet de loi, chargé d’élaborer un schéma régional de transport qui lui est maintenu.
-Il précise qu’« une compétence générale de la région sera reconnue en matière de préservation de la biodiversité », une disposition qui ne figure pas dans l’avant-projet de loi.
-Au chapitre « développement économique », le gouvernement indique que « les communes et les EPCI à fiscalité propre, ou le département, pourront se voir confier la compétence en matière d’aides à l’immobilier d’entreprise ». Or, l’avant-projet de loi prévoyait que les communes et EPCI à fiscalité propre « sont seuls compétents pour attribuer des aides à l’investissement immobilier des entreprises, ainsi que des aides à la location de terrains et d’immeubles ».
-Le transfert des maisons départementales des personnes handicapées (MDPH) de l’Etat aux départements avait fait couler beaucoup d’encre… et réagir nombre de fédérations et de collectifs représentant les personnes handicapées : risque d’un déficit de coordination entre les différentes politiques départementales, de financement inégaux des MDPH du fait des moyens budgétaires disparates des conseils généraux, dénonçait pour sa part la Fegapei.
Le ComitĂ© national consultatif des personnes handicapĂ©es (CNCPH) dĂ©plorait pour sa part une « remise en cause de l’existence des Ă©quipes pluridisciplinaires des MDPH, gage d’indĂ©pendance des dĂ©cisions prises par les commissions des droits et de l’autonomie des personnes handicapĂ©es (CDAPH). Sur ce point, le gouvernement a entendu les associations : le document de travail prĂ©cise que la CDAPH « conservera l’ensemble des attributions (prestations, reconnaissance de la qualitĂ© de travailleur handicapĂ©) qui lui ont Ă©tĂ© confĂ©rĂ©es par la loi de 2005 ».
MĂ©tropoles : un texte encore plus prudent – Exit l’« EuromĂ©tropole », ce statut destinĂ© Ă Lille, Lyon et Marseille, qui bĂ©nĂ©ficiait pourtant dans l’avant-projet de loi de novembre d’un long descriptif de compĂ©tences Ă exercer de plein droit. « Des chapitres spĂ©cifiques seront consacrĂ©s aux agglomĂ©rations parisienne, marseillaise et lyonnaise », se borne dĂ©sormais Ă indiquer la note de synthèse.
Les communautés métropolitaines restent elles bien présentes, et notamment leur seuil de création à 400 000 habitants. Pour ces dernières, le dernier document de travail se veut plus clair sur leurs compétences obligatoires, au nombre de quatre :
- la promotion du tourisme par la création d’offices de tourisme,
- l’aménagement de l’exploitation de réseaux de communications électroniques,
- la gestion des milieux aquatiques,
- la gestion des aires d’accueil des gens du voyage.
Des compétences que se verraient obligatoirement confiées également les communautés urbaines, à l’exception des réseaux de communication électronique.
Mutualisation : un pas plus marquĂ© vers l’intĂ©gration communautaire – L’article 64 de l’avant-projet de loi prĂ©voyait d’accroitre l’intĂ©gration communautaire des services en faisant en sorte que les mutualisations ascendantes, des communes vers leurs intercommunalitĂ©, se traduisent, « dans un dĂ©lai de deux ans après l’adoption du premier schĂ©ma de mutualisation des services, par un transfert pur et simple Ă l’EPCI concernĂ© ». Le nouveau document de travail va encore plus loin en prĂ©voyant « la suppression des possibilitĂ©s de mutualisation ascendante » autorisĂ©es par l’article L. 5211-4-1 du CGCT.
Couverture intercommunale : plus de passe-droit pour la rĂ©gion capitale – Le Gouvernement semble vouloir accĂ©lĂ©rer l’achèvement de la couverture intercommunale en supprimant la dĂ©rogation dont bĂ©nĂ©ficiait l’Ile-de-France en la matière depuis la loi de rĂ©forme des collectivitĂ©s territoriales (RCT) du 16 dĂ©cembre 2010. Ainsi, « l’obligation de couverture intĂ©grale du territoire par des EPCI Ă fiscalitĂ© propre sera Ă©tendue aux trois dĂ©partements de la petite couronne francilienne », prĂ©voit le document de travail.
Normes : le Haut Conseil des territoires absorbera la CCEN – L’avant-projet de loi datĂ© du 27 novembre 2012 laissait planer le doute : la commission consultative d’évaluation des normes (CCEN) serait-elle absorbĂ©e par le nouveau Conseil des territoires (HCT), le prĂ©sident de la CCEN devant ĂŞtre membre de droit du HCT ?
Oui, répond le document de travail : « La CCEN deviendra une formation spécialisée du HCT », alors qu’elle devait, dans l’avant-projet-de loi, rester « une formation spéciale » au sein du Comité des finances locales (CFL). La volonté de limiter le stock comme l’inflation des normes transparait désormais comme un objectif d’intérêt général pour les collectivités, et plus uniquement sur le plan financier, puisque la composition du collège des élus de cette CCEN rénovée sera « élargie au-delà des actuels membres du CFL », prévoit le document de travail présenté aux associations d’élus.
Les dispositions relatives à la gestion locale et aux finances restent inchangées par rapport à celles figurant dans l’avant-projet de loi. Le texte reste toujours aussi évasif sur diverses « lois de finances » qui devront attribuer des ressources supplémentaires aux régions comme aux départements.
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