Imposé par Nicolas Sarkozy avec des moyens d’exception (une loi, des prévisions fantaisistes…), le « Grand Huit » du Grand Paris a traversé des difficultés en mutant : des impôts nouveaux ont remplacé le financement par les plus-values foncières.
L’exaspération des Franciliens liée au fonctionnement des transports et la concurrence entre deux projets ont conduit l’Etat et la région à faire la paix… et la synthèse « Grand Paris express », avec la modernisation de l’existant et un maillage amélioré.
Personne n’a perdu la face, mais le coût a grimpé à 32 milliards !
La nouvelle ministre chargée du dossier, Cécile Duflot, opposante historique, semble se convertir (discours du 26 juin), mais son propos est nuancé : « Le gouvernement défendra trois exigences. Une exigence de priorité : tout ne pourra pas se faire tout de suite. Une exigence de proximité : les priorités devront se justifier par le souci de répondre à l’urgence… et aux besoins des habitants. Une exigence d’efficacité : le Grand Paris doit être utile. »
On ne peut qu’y souscrire. La crise obère la capacité de l’Etat à tenir ses engagements et rend moins urgents certains investissements. La baisse de l’emploi dans le secteur privé de 2008 à 2011 (- 0,5 %) contraste avec les 40 000 nouveaux emplois par an imaginés par Christian Blanc (ex-secrétaire d’Etat chargé du Développement de la région capitale, ndlr).
Il faut dire la vérité, sortir des illusions et définir un nouveau phasage, incontournable, du projet. Il faut se donner les moyens de piloter efficacement et désectoriser les financements, entre le réseau nouveau et la modernisation, entre le soutien aux transports et au logement, pour réaliser des projets cohérents de territoire.
Il faut, enfin, approfondir les ambitions et inventer des mécanismes fiscaux, tarifaires, de compensation entre collectivités qui contribuent à la cohérence entre habitat, emploi et activités, à une échelle infrarégionale.
C’est au cœur de l’amélioration de la gouvernance que se cherche Paris métropole dans son livre vert rendu public en juin. La priorité pour une métropole soutenable est que des bassins de vie organisant une proximité raisonnable soient la règle, et la longue distance l’exception.
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