Dans le langage des réseaux sociaux, on appelle cela un « bad buzz ». Et le conseil régional de Bretagne se serait volontiers passé de la contre publicité suscitée par la publication, il y a quelques jours, du résultat de son appel d’offres pour la gestion de ces données informatiques.
A l’heure du redressement productif et du made in France, de nombreux observateurs se sont émus du choix retenu : celui de l’Américain Amazon et de son « cloud » qui pourrait héberger de manière virtuelle les données informatiques de la région, à partir de ses infrastructures informatiques situées en Irlande.
Investissement national- Il faut dire que l’annonce tombe mal : le gouvernement vient d’investir cette année 150 millions d’euros dans deux projets d’ampleur – Cloudwatt porté par Orange/Thales et Numergy par SFR/Bull, qui démarrent à peine commercialement – afin d’offrir aux entreprises et administrations la garantie d’un stockage sur le sol français des données informatiques.
Ces deux projets « se démarquent des offres existantes et devraient permettre de lever les derniers freins à l’utilisation du cloud computing », déclarait en octobre la ministre déléguée à l’Economie numérique Fleur Pellerin.
Appel d’offres en 2010 – La région Bretagne, elle, avait lancé son appel d’offres il y a deux ans déjà, en 2010. Une seule entreprise française avait candidaté et la solution d’hébergement de données qu’elle proposait à l’époque ne correspondait pas au cahier des charges. Et c’est donc finalement la solution d’Amazon qui a été retenue, qui s’appuie sur une infrastructure mutualisée offrant des tarifs compétitifs.
Toutefois, c’est bien une entreprise française, Neoxia, qui est chargée de la mettre en œuvre et qui forme les agents de la région aux outils d’Amazon Web Services. Ironie de l’histoire : c’est le communiqué de ce cabinet de conseil en systèmes d’information, qui se félicitait d’être associée au projet breton, qui a mis le feu aux poudres !
Le conseil régional réagit au déferlement médiatique- Face au déferlement médiatique de ces derniers jours, le conseil régional de Bretagne a tenu à rappeler le 3 décembre qu’ «aucune donnée de la région ne se trouve à ce jour hébergée dans le serveur d’Amazon. L’utilisation de ses services n’est envisagée qu’en cas de sinistre majeur sur le système d’information de la région ».
Les informaticiens de la région avaient en effet souhaité pouvoir recourir à ce système de stockage de données « dans le nuage », suite à l’incendie qui avait ravagé les salles informatiques de la Caisse régionale d’assurance maladie de Rennes en 2006, entrainant de grandes difficultés dans la gestion du site durant de nombreux mois.
Solutions françaises – « La région Bretagne veille activement, avec l’ensemble de ses partenaires, opérateurs télécom et sociétés de services informatiques, à l’émergence de solutions françaises qui offrent ce même niveau de maturité, seul capable de répondre durablement aux problématiques des directions informatiques de structures publiques », écrit-elle sur son site internet.
Cette polémique « dans les nuages » aura eu au moins le mérite de relancer le débat sur la nécessité d’une offre nationale dans ce secteur très sensible de la sécurisation des données informatiques.
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