Les associations qui fournissent de l’aide aux familles les plus démunies sont dans l’expectative. Fébrilement, elles attendent la décision du Conseil des chefs d’Etat de l’Union européenne des 22 et 23 novembre prochains.
Si la création d’un fonds européen aux plus démunis, qui financerait entre autres l’aide alimentaire, devrait être approuvée par les exécutifs européens, les discussions autour de son budget s’annoncent âpres.
La Direction générale Emploi, affaires sociales et inclusion de la Commission européenne a proposé, dans un projet de règlement, une enveloppe de 2,5 milliards d’euros pour la période 2014-2020, soit 350 millions d’euros par an.
La présidence chypriote de l’Union européenne plaidait fin octobre pour diminuer son budget à 2 milliards d’euros.
Besoins estimés à 4,75 milliards par les associations – Des budgets prévisionnels de toute façon insuffisants pour les associations, qui estiment les besoins à 4,75 milliards d’euros.
« D’autant que c’est un programme fourre-tout », observent-elles. En effet, le fonds ne concernera plus seulement l’aide alimentaire, mais aussi des produits de consommation de base à usage personnel des sans-abris et des enfants souffrant de privation matérielle (vêtement, produits d’hygiène…).
Deuxième incertitude pour les associations en France : la nouvelle gouvernance de ce fonds. Comme les autres fonds européens, sa gestion en revient aux Etats membres, qui devront l’abonder à hauteur de 15 %.
Risque de dilution des subventions – En toute logique, les quatre grandes associations – Les Restos du cœur, le Secours populaire, la Croix rouge et les Banques alimentaires – devraient perdre le monopole de ces subventions européennes, d’autres associations pouvant le solliciter.
« On risque d’être confronté à une dilution des subventions », souligne-t-on au sein de la fédération des banques alimentaires.
Cette réforme du financement de l’aide alimentaire fait suite à une décision de la Cour de justice de l’Union européenne du 13 avril 2011. Celle-ci a estimé que son financement, adossé jusque-là sur les stocks de la Politique agricole commune (PAC), n’était plus conforme à l’esprit du programme – la PAC ne générant quasiment plus de stock.
Après un compromis politique trouvé à l’automne 2011 pour les années 2012 et 2013, un nouveau mode de financement devait être bâti pour 2014.
72 millions d’euros pour la France – En 2012, le Programme européen d’aide aux plus démunis (PEAD) a mobilisé 500 millions d’euros pour 20 pays de l’Union européenne, soit 18 millions d’habitants. La France en a bénéficié à hauteur de 72 millions d’euros.
En attendant la décision des chefs d’Etat et de gouvernement, la mobilisation des associations continue sur les réseaux sociaux (une pétition « manger du vide » est en ligne sur le site www.theairfoodproject.com), tout en préparant la grande collecte annuelle du 24 novembre.
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