Le ministre du Redressement productif « nous a assuré que le fonds était majoritairement destiné aux banlieues, pour des créations ou du développement d’entreprises », a confié, visiblement rassuré, le président-fondateur de l’Association nationale des élus locaux pour la diversité (Aneld) Kamel Hamza.
En juin dernier, Le Parisien avait affirmé que le gouvernement et l’ambassade du Qatar envisageaient de réorienter ce fonds, initialement destiné aux entrepreneurs des quartiers défavorisés, vers l’aide aux petites et moyennes entreprises. L’Aneld avait alors évoqué « un hold-up » et réclamé un rendez-vous d’urgence avec Arnaud Montebourg.
Un fonds susceptible d’être réalimenté – « Il sera abondé par des fonds français pour devenir un fonds franco-qatari », a ajouté Kamel Hamza à l’issue de la rencontre, sans pouvoir préciser le montant global.
« Nous restons toutefois vigilants parce que nous ne connaissons pas les modalités de la mise en place de ce fonds », susceptible d’être réalimenté, a ajouté celui qui est par ailleurs conseiller municipal UMP à La Courneuve (Seine-Saint-Denis).
A l’automne 2011, Kamel Hamza et neuf autres élus locaux issus des banlieues parisiennes ainsi que des quartiers populaires de Roubaix et Marseille avaient sollicité l’aide de l’émir du Qatar, cheikh Hamad bin Khalifa al-Thani.
« Le ressenti de la crise est décuplé en banlieue. A défaut d’attendre un geste en faveur de nos administrés, nous avions saisi l’opportunité qatari. Nous sommes élus pour agir » se justifiait-il à l’époque.
Ils étaient repartis de Doha avec la promesse qu’une enveloppe de 50 millions d’euros, soit 10% du budget du ministère de la Ville, serait mise à disposition des jeunes entrepreneurs des cités, en manque de subsides pour financer leurs projets.
50 millions qui avaient suscité la polémique – Le Qatar, émirat pas plus grand que la région parisienne, y voyait le moyen de gonfler son carnet d’adresses et de développer desrelais d’influence parmi ceux qu’ils considèrent être les futures élites françaises.
L’initiative avait toutefois été reportée avant l’élection présidentielle, afin d’éviter son instrumentalisation politique.
La présidente du Front national, Marine Le Pen, avait notamment accusé le Qatar « d’investir massivement » sur une base communautaire dans les banlieues, où vivent de nombreux musulmans. Oubliant au passage, que le critère d’attribution n’était pas confessionnel mais territorial.
« Plutôt que fantasmer sur les intentions qataries, nous ferions mieux de nous interroger sur l’action de la politique de la ville : 0,15% du budget total de l’Etat, c’est bien insuffisant ! Mais appeler au secours des puissances étrangères n’est pourtant pas une bonne solution pour réintégrer les banlieues dans la République Française… » avait, pour sa part, réagi le sénateur (PS) de Seine-Saint-Denis et ancien Maire de Clichy-sous-Bois, Claude Dilain.
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